Entre le 2 mars et le 26 avril 2020, le nombre de décès en Auvergne-Rhône-Alpes a augmenté de 18% par rapport à l'année précédente. Si le Rhône ou la Haute-Savoie ont été particulièrement touchés, l'Allier, le Cantal, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme ont été épargnés.
S'il ne distingue pas les morts du COVID-19 de ceux décédés pour d'autres raisons, le chiffre de la surmortalité en Auvergne-Rhône-Alpes publié par l'INSEE le 19 mai a de quoi interpeller. Entre le 2 mars et le 26 avril 2020, la région a enregistré 2020 décès supplémentaires par rapport à la même période l'année précédente, ce qui représente une augmentation significative de 18 %.
Une nette différence entre l'est et l'ouest
Département par département, les chiffres sont contrastés.Le Rhône et la Haute-Savoie ont ainsi connu d'importante surmortalités avec respectivement +42 % et +33 %. Dans ces départements, la densité de population et les nombreux échanges avec l'extérieur ont pu favoriser la propagation du COVID-19.
A l'ouest, c'est l'inverse. L'Allier, le Cantal, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme n'ont pas noté d'augmentation du nombre de décès par rapport à l'année précédente. Leur population en moyenne plus âgée aurait dû en faire des territoires vulnérables, mais les départements de l'ancienne région Auvergne ont pourtant été préservés. L'INSEE avance l'hypothèse que ce serait dû à leur faible densité de population et à leur moindre lien avec le foyer du Rhône "en raison des contraintes géographiques rendant les échanges plus difficiles".
Entre les deux, l'Ain (+24%), l'Ardèche (+24%) et la Loire (+18%) ont été plus touchés que la moyenne nationale. Pour l'Ain et la Loire, l'INSEE suppose que les échanges et la proximité avec le Rhône, principal foyer régional, ont pu jouer un rôle. Pour l'Ardèche, au peuplement pourtant peu dense, l'institut met en avant le fait que "les plus de 75 ans (y) vivent moins souvent seuls et davantage en établissements spécialisés, où ils ont pu être davantage exposés à la contagion."
L'Isère, la Drôme et la Savoie occupent une position intermédiaire avec des augmentations comprises entre 9 et 15 %.
Les communes densément peuplées plus touchées
Autre enseignement de cette étude : l'effet de la densité de population. Les communes les plus densément peuplées ont été plus touchées par la surmortalité que les autres.L'étude de l'INSEE nous apprend aussi que l'âge a été un facteur déterminant.
L'augmentation du nombre de décès par rapport à la normale a été d'autant plus grande que les personnes concernées étaient âgées. Elle a augmenté de 10 % pour les 65-74 ans, de 19 % pour les 75-84 ans et de 25 % pour les plus de 85 ans. L'INSEE note aussi que les hommes ont été un peu plus touchés que les femmes dans ces classes d'âge.
Un pic pendant la semaine du 30 mars
Inégalement répartie dans l'espace, cette surmortalité s'est aussi inégalement répartie dans le temps. Elle a augmenté à partir du 16 mars, date du début du confinement, franchi un pic pendant la semaine du 30 mars avant de régresser après le 6 avril. Le nombre de décès a retrouvé son niveau "habituel" dans la région à partir du 20 avril.A l'échelle nationale, l'Auvergne-Rhône-Alpes est la cinquième région dans laquelle ce phénomène de surmortalité a été le plus marqué après l'Île-de-France (+96%), le Grand-Est (+58%), la Bourgogne-Franche-Comté (+27%) et les Hauts-de-France (+25%).