Quatre jours en pleine montagne, du 21 au 24 août, à Lans-en-Vercors, dédiés à la musique trance. Des concerts sans discontinuer attendent les festivaliers mais aussi des ateliers, une forêt psychédélique et un cadre à couper le souffle, situé à 1400 mètres d'altitude, au-dessus du Vercors.
Belle récompense pour les festivaliers. Après avoir serpenté une bonne demi heure dans le massif du Vercors, après avoir porté tentes, chaises et glacière, attendu la navette vite bondée, ils sont arrivés sur le site du festival, accompagnés par un franc soleil et le calme de la montagne.
Coupé du monde, le lieu -20 hectares tout de même- est organisé autour de trois scènes, un village de boutiques et d’ateliers et un camping. La scène principale surmontée de deux têtes de dragons –car cette édition est placée sous le signe du Vietnam- surplombe un paysage à couper le souffle, situé à 1400 mètres en contrebas.
Comme un air de vacances
En attendant les premières notes, les festivaliers jouent les vacanciers. Laurelie, 39 ans et Anaïs 42 ans, sont des inconditionnelles « Venir au Hadra, c’est prendre une grande bouffée d’air frais. « Beaucoup viennent ici pour couper de leur quotidien, un peu comme s'ils prenaient quelques jours de vacances. Pour ceux qui n’ont pas les moyens de partir, passer trois jours ici, c’est l’idéal.» Jonglerie, farniente dans l’herbe, apéro près des tentes, l’ambiance est bon enfant. Près des étals d’écharpes et de lampions, Roger, Karine, Bebelle et Mickael, la quarantaine, apprécient la trance et l’art de vivre qui va avec: « Ici, tout le monde est détendu, explique Roger, maçon. Jamais il n’y aura d’embrouilles, ou alors le ton redescendra très vite. » Karine, crêpière dans l’Ardèche renchérit : « C’est un monde à part, tout le monde se tutoie, discute, même si on vient tous d’univers différents. »Comme dans tous festivals, il y a ceux qui se déguisent, Mario Kart, nounours géant, homme de cro-magnon ou qui emmènent des accessoires improbables comme une canne à pêche, des tubes pour faire des bulles de savon … Les visages sont parfois peints, les cheveux ornés de fleurs ou de plumes et les chaussures restent souvent dans les tentes. Même s’ils refusent de se faire appeler "hippies", ils admettent être dans la continuité de cet art de vivre, entre humanisme, partage et respect de la nature.
Benoît Allirol, directeur du Hadra, explique ce rapprochement: "La musique trans prend racine en Inde, sa branche acoustique utilise d’ailleurs des djembés, didgeriddoo … Certains des artistes qui se produiront dans les quatre prochains jours ont joué à Goa, dans les années 70."
20 heures, les premières notes résonnent dans la montagne. Trio Saiuki, artistes vietnamiens, commencent "à l’envers", en jouant une berceuse. Le public se laisse porter, contemple les décors, le paysage. "Rien que le cadre, c'est magique!", commente Jeanne, étudiante à Science Po. À mesure que le soleil décline, la musique s'accélère. Les têtes de dragons s'animent grâce à des projections psychédéliques.
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L’odeur de pizza flotte dans l’air, déjà chargé d'encens. Des cuisiniers italiens sont venus pour l'occasion. Non loin, un feu rassemble de petits groupes, qui ne restent que le temps de se réchauffer, -il ne fait pas plus de 10°C à cette altitude-, pressés de se rapprocher de la scène. Jusqu'à dimanche, la musique ne s'arrêtera pas.
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Pour trouver un peu de silence, il faut se diriger vers la forêt, décorée pour l'occasion. Des lumières noires font ressortir des décors fluo et psychédéliques où les festivaliers déambulent, s'étonnent comme des enfants. Résultat: des scènes surréalistes où un tigrou géant se faufile entre les toiles d’araignée phosphorescentes en poussant des "ah" et des "oh" d'admiration. En contrebas, le perlier qui travaille le verre au chalumeau a son petit fan club. Des filles se font poser des plumes dans les cheveux. Il est 23 heures, la nuit ne fait que commencer.