Violences à Moirans: les gens du voyage demandent la libération d'un détenu d'Aiton

La communauté des gens du voyage demandait la libération d'un détenu d'Aiton pour qu'il assiste aux obsèques de son frère, voilà l'origine des émeutes d'une rare violence qui ont embrasé le quartier de la gare de Moirans, en Isère. 

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Emeutes à Moirans, en Isère par France3AlpesLe calme est revenu en cours de soirée, ce mardi 20 octobre, après les violents incidents survenus aux abords de la gare de Moirans (Isère), où une trentaine de personnes, issues de la communauté des gens du voyage, a brûlé des voitures et bloqué des voies SNCF. Elles réclamaient une permission de sortir pour un détenu de la prison d'Aiton (Savoie), afin qu'il puisse assister aux obsèques de son frère, mort à Saint-Joseph-de-Rivière le week-end dernier.


Des voitures brûlées sur les chemins de fer 

Durant l'après-midi, les émeutiers, dont certains étaient cagoulés, ont brûlé des palettes et des voitures qui provenaient notamment d'une casse auto, où le gérant a été violenté, ou d'un parking relais. Un brasier était au milieu de la route départementale 1085. Des écoles ainsi que la mairie ont dû être évacuées. Les gens du voyage ont ensuite bloqué les voies SNCF, plaçant des véhicules sur les rails, ce qui a perturbé le trafic ferroviaire entre Lyon et Grenoble ainsi qu'entre Grenoble et Valence.

"Une centaine de personnes avec des barres en fer", ont bloqué la gare, raconte Franck Longo, directeur du cabinet du maire de Moirans, "autour, il y a eu de lourds saccages, notamment un restaurant attenant. Sur les voies SNCF, ils ont fait brûler des voitures."

Images

Dans la soirée, la préfecture de l'Isère a indiqué dans un communiqué que les incidents n'avaient fait aucun blessé. La SNCF a dû prendre "en charge l'évacuation des 218 passagers qui se (trouvaient) dans les deux rames de trains à proximité de la gare de Moirans", a également précisé la préfecture.

Extrait 19/20 France 3 Alpes
Les explications de Jordan Guéant / France 3 Alpes

Une permission de sortir refusée à un détenu

Ces actions ont notamment été perpétrées par des membres de la communauté des gens du voyage sédentarisés à Moirans depuis de nombreuses années, des proches des victimes de l'accident de la route qui a fait trois morts le week-end dernier. Dans la nuit du vendredi 16 au samedi 17 octobre, trois jeunes gantés et cagoulés, dont certains mineurs, sont morts en rentrant d'un cambriolage à Saint-Joseph-de-Rivière (Isère), en percutant un arbre avec une voiture qu'ils venaient de voler. Un quatrième occupant a survécu.

Incarcéré, le grand frère de l'une des victimes n'a pas eu la permission d'assister aux obsèques de son proche. "Leur avocat a fait appel de la décision. N'ayant pas eu de réponse, ils ont engagé vers 16 heures un bras de fer qui a commencé" sur la RD 1085 (...) où, "ayant pillé la casse voisine, ils ont bloqué" ensuite la route et "mis le feu aux véhicules", explique-t-on en mairie.

A la prison d'Aiton, en Savoie, où le grand frère de 24 ans est incarcéré, des incendies ont été allumés dans l'après-midi par une quarantaine de détenus.

Réactions du gouvernement 

Le premier ministre, Manuel Valls, s'est exprimé sur Twitter dans la soirée au sujet de ces violences. 


Dans un communiqué, le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve a d'abord félicité, "l'action déterminée" des forces de l'ordre, ayant permis de "rétablir l'ordre républicain" et de "mettre fin aux exactions inadmissibles" commises à Moirans.

 

« Une décision de justice inhumaine »
Incarcéré pour vol depuis trois ans à la prison d’Aiton, en Savoie, le grand-frère de l’une des victimes décédées dans l’accident de la route survenu ce week-end à Saint-Joseph-de-Rivière n’a pas obtenu de permission pour assister aux obsèques de son petit frère, demain après-midi à Moirans. Son avocat, Me Gallo, a fait appel de la décision du juge d’application des peines. Une nouvelle décision devrait être rendue ce mercredi.

"La décision du juge d’application des peines est irrationnelle et inhumaine, donc on peut concevoir qu’elle entraîne une réaction inhumaine de la part des proches de mon client", a confié Me Gallo ce mardi soir. "On stigmatise les événements mais on ne stigmatise pas assez la décision qui a été prise", a-t-il ajouté.

"Il n’y avait aucune raison de refuser une permission à mon client. En trois ans, il n’a eu qu’un seul incident banal", explique l’avocat qui précise que son client est éligible à la libération conditionnelle depuis février dernier. "Dans quel pays sommes-nous ?", s’est indigné Me Gallo.
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