"Naming the Money" ou l'histoire révélée d'esclaves africains dépouillés de leur identité pour enrichir l'Europe. L'installation spectaculaire de l'artiste Lubaina Himid leur redonne vie au musée d'art contemporain de Bordeaux. Cent silhouettes grandeur nature nous rappellent leur humanité.
Walukaga, Nnamdi, Asiza... autant de noms précieux sortis de l'ombre par Lubaina Himid, figure de proue du British Black Art dans les années 80. Chaque personnage est un esclave ou un domestique et nous raconte un peu de son histoire. Une voix, un texte ou une étiquette collée à son dos nous révèlent son vrai nom, qui n'est pas celui attribué par le maître.
Des faire-valoir pour leurs maîtres
Lorsqu'ils sont représentés dans des peintures, en particulier au 17e et au 18e siècle, les serviteurs ne sont là que pour valoriser leurs maîtres ou leurs maîtresses. Ils sont des signes de richesse et de pouvoir, sans existence propre.Au travers de son installation, l'artiste Lubaina Himid, lauréate du prestigieux Turner Prize en 2017, leur redonne une existence. Les silhouettes en contreplaqués peintes, grandeur nature, sortent ainsi de l'ombre et affirment leur identité, leur métier était tout autre, ils avaient des ambitions...
Cette exposition est une tentative pour comprendre le dilemme que représente la perte de son nom, d'être dépouillé de sa propre identité et de s'en voir attribuer une autre. Et comment vous devez alors inventer autre chose d'aussi réel pour survivre et que la vie garde un sens, écrit Lubaina Himid.
Une manne financière
"Naming the Money" veut aussi rappeler que les africains ont contribué à la croissance économique de l'Europe.
Le commerce du tabac, du sucre, du coton et celui des esclaves ont aidé à son développement.
La nef du musée d'art contemporain de Bordeaux où se tient l'exposition est en ce sens un lieu hautement symbolique. Construit en 1824, c'était un entrepôt utilisé pour stocker les denrées coloniales (sucre, épices, rhum, etc...) avant qu'elles ne soient exportées vers l'Europe du Nord.
"Naming the Money"
CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux
jusqu'au 23 février 2020