Loin de l’image d’une région sous les averses, la Bretagne est-elle en train de changer de visage ? À quoi pourrait-elle ressembler en 2040 ? Les étudiant·e·s en journalisme de Sciences Po Rennes ont mené l’enquête sur les effets du futur climat breton.
+1,5°C à la surface de la terre à l’horizon 2040. Ce degré supplémentaire pourrait bien changer notre mode de vie. C’est ce qu’annonce le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). Son rapport de 2018 a été notre point de départ, notre pièce maîtresse. Nous l’avons décortiqué, analysé, pour finalement nous demander : qu’est-ce que ça va changer, +1,5°C, dans le quotidien d’un Breton ?
Nous sommes quatorze étudiant·e·s en journalisme à Sciences Po Rennes et, pendant trois mois, nous avons mené l’enquête. Nous avons sillonné la Bretagne, de Guipry-Messac à Brest, de l’Île-Tudy à Saint-Malo, nous vous avons rencontré·e·s pour comprendre comment l’on vit l’impact du réchauffement climatique aujourd’hui, et comment on le vivra demain.
Le média satirique Le Gorafi ironisait volontiers pendant les canicules de l’été dernier et titrait : « La Bretagne ferme sa frontière face à l’arrivée massive de réfugiés climatiques. » Nous avons pris « l’information » au sérieux et nous avons rencontré les premiers migrants climatiques de la région. Ils viennent de Lyon, du Midi ou de l’Est. Ils sont retraités, sympathisants de la théorie de l’effondrement ou simplement de passage. Et les experts nous l’ont confirmé : oui, si certains déménagent déjà, c’est à cause du climat. Cet afflux de population, la Bretagne ne l’a pas véritablement préparé.
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Plus d’habitants, mais aussi plus de sécheresses, et ce sont les ressources hydriques qui en pâtissent. Dès 2040, la Bretagne pourrait manquer d’eau potable. De nombreuses rivières sont déjà polluées par des rejets liés aux activités agricoles. Alors que 100 % des réserves d’eau doivent être classées en bon état en 2027 selon la directive-cadre sur l’eau, experts et élus nous ont confié que cet objectif est impossible à tenir.
Moins de pluies en été, mais plus de précipitations en hiver. Conséquence : les crues seront plus nombreuses qu’aujourd’hui tandis que la hausse du niveau de la mer favorisera des risques de submersion sur le littoral. Certaines communes sont habituées à ces aléas climatiques même si, bien souvent, les élus gèrent la crise uniquement quand les dégâts sont déjà là. Un dilemme se pose alors aux habitants : accepter de vivre plus souvent les pieds dans l’eau ou fuir pour leur confort de vie.
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