La collision entre un train et un camion à Saint-Médard-sur-Ille, en Ille-et-Vilaine, avait provoqué la mort de trois personnes et blessé 45 personnes dont 13 très grièvement. C'était le 12 octobre 2011. Le procès devrait avoir lieu en 2013
Ce 12 octobre 2011, le TER reliant Rennes à Saint-Malo est rempli de salariés qui rentrent de leur journée de travail. A 17h17, le train percute un poids-lourd de 38 tonnes. Le choc est très violent, le camion est coupé en deux. Un important dispositif de secours est aussitôt mis en place. Le bilan final sera de 3 morts et 45 blessés dont 13 grièvement.
"Tout le monde hurlait"
" Après le choc, les gens ont été ensevelis sous les sièges. Tout le monde hurlait " a déclaré un rescapé de la collision, quelques heures après le choc. " Les gens pleuraient , expliquait alors une autre passagère, je n'ai rien vu. J'ai juste entendu un gros boum. Les vitres ont éclaté. Après, j'ai vu des gens blessés, choqués qui pleuraient. Certains étaient sonnés et ne répondaient plus ". "J'ai cru que c'était une bombe" a même dit un voisin de la gare, qui n'a pas compris tout de suite que c'était une collision entre un camion et un train : " J'étais chez moi. Je me suis demandé ce qui se passait. Après plus rien. Je suis allé voir et j'ai vu le désastre. J'ai pensé que le train avait explosé."
Le ministre des transports Thierry Mariani et le directeur de la SNCF, Guillaume Pepy se déplacent le soir même, sur les lieux du drame. "Le conducteur du train a eu les bons réflexes", explique M. Pepy. "Le train était habilité à rouler à 140 kilomètres heure" mais, lors du choc, il roulait "probablement à 110 kilomètres/heure", a-t-il indiqué. "Un train lancé à 140 kilomètres heure a besoin de 500 mètres pour s'arrêter", a-t-il dit. Revenant sur les circonstances de l'accident, le président de la SNCF a indiqué que le train a "coupé en deux le camion entre le tracteur et la remorque" et que c'est cette remorque qui ensuite "semble avoir éventré la voiture 3" de la rame. Le conducteur du train n'a pas été blessé dans l'accident, a-t-il par ailleurs confirmé.
L'instruction toujours en cours, le procès en 2013
Une enquête a été immédiatement ouverte. Le chauffeur du camion est mis en examen pour homicide et blessures involontaires avec la circonstance aggravante de la violation manifestement déliberée d'une obligation de sécurité. Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec l'interdiction de conduire tout véhicule à moteur. Le chauffeur déclare qu'il n'a pas vu le feu rouge ni entendu la sonnerie mais selon le procureur, le système du passage à niveau fonctionnait normalement. Le chauffeur du camion, âgé d'une trentaine d'années, est gérant d'une petite entreprise spécialisée dans les transports exceptionnels créée l'année dernière. Il travaille souvent seul. Son dépistage d'alcoolémie s'est révélé négatif. Aujourd'hui, l'instruction est toujours en cours, un procès pourrait avoir lieu en 2013.
Ce n'était pas le premier accident sur ce passage à niveau
Cette collision n'est pas sans rappeler d'autres accidents qui ont eu lieu au même endroit. En novembre 2007, au même endroit, là encore une collision entre un poids lourds et un TER. Pas de victimes à l'époque mais une quarantaine de blessés. En juin dernier, le chauffeur de cette affaire a été condamné pour "blessures involontaires". Une carte de Réseau Ferré de France pointe d'ailleurs les points noirs en Bretagne : 5 passages à niveau y sont jugés préoccupants, dont celui de Rosporden ou de Servon-sur-Vilaine mais pas celui de Saint-Médard-Sur-Ille.
"Réaction inappropriée du conducteur du camion"
Pour le bureau enquête accident transport terrestre, " L'arrêt du camion est la conséquence d’une réaction inappropriée du conducteur de l’ensemble routier qui n’ayant pas perçu les feux rouges clignotants fonctionnant depuis une dizaine de secondes, à la fois s’est engagé sur l’emprise ferroviaire et a freiné à la vue de l’abaissement d’une demi-barrière. " Le rapport rappelle aussi que le passage à niveau était classé comme difficile. Et non dans la liste des passages à niveaux "préoccupants".
Sécurité renforcée depuis l'accident
Un radar automatique a été installé près du passage à niveau après l'accident de St Médard-sur-Ille. La route a aussi été élargie.
Lire tous nos articles sur l'accident de St Médard-sur-Ille