Entré à l’usine à la fin des années 90 en tant qu’ouvrier de ligne, David travaille aujourd’hui à la logistique. A 35 ans, il fait partie de la jeune génération, la plus menacée par le plan social.
David, fils d’ouvrier, est originaire du Mont Saint-Michel. Avant de s’installer à Châteaugiron, il a longtemps pris le bus pour parcourir tous les matins les 80 kilomètres qui le séparaient de l’usine de La Janais.
« Moins de monde, plus de boulot »
A son arrivée en 1997, l’usine Citroën employait 14 000 personnes. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 5800. Moins de postes. Mais plus de travail. Alors, forcément, les cadences ont augmenté. « Ils nous rajoutent du boulot sans arrêt… Faut voir tous les postes qu’ils ont supprimé ! »En février, le syndicat-maison, le SIA, a publié un document expliquant les critères de licenciement. Selon ce document, écrit au conditionnel, chacun se voit attribuer un certain nombre de points, suivant l’ancienneté dans l’entreprise, le niveau de compétence, et la situation familiale. Ceux qui ont le moins de points sont les plus exposés au licenciement. « Un gars qui a 40 ans de maison, il partirait avec 80 000 euros […] Ils ont plutôt intérêt à nous licencier nous, les jeunes… »
PSA portrait 2 from Jean Le Moal on Vimeo.
« Tout le monde a peur »
Le plan social est une épée de damoclès au dessus de la tête des salariés de La Janais. Et des plus jeunes surtout. Il aura bien lieu, mais nul ne sait quand. Depuis 2011, avec la crainte du licenciement, l’ambiance s'est dégradée : « Ils ont peur de perdre leur poste ».David ne se fait pas d’illusions et pense déjà à la reconversion... Pourquoi ne pas passer le permis poids-lourds glisse-t-il. En attendant, David prend son mal en patience. Ses jours de chômage technique s’enchaînent et les informations ne filtrent guère.