En 1983 et 1984, des milliers de manifestants défilent contre le projet de loi Savary sur l’enseignement. Ce nouvel affrontement sur la question de l'enseignement public/privé trouve un fort écho en Bretagne. Le 18 février 1984, 300 000 défenseurs de "l'enseignement libre" défilent à Rennes.
Le projet de loi Savary vise à intégrer en France les écoles privées à un "grand service public". Il prévoit la création d’établissements d’intérêt public, associant le public, le privé et les collectivités locales autour d’un projet d’établissement. Les enseignants du privé seraient intégrés à la fonction publique. Mais personne ne se satisfait du projet, ni les partisans d’un grand service laïc unifié ni ceux du privé.La guerre public/privé à l'école
Les défenseurs de l'enseignement privé se mobilisent en Bretagne. À Quimper, le 15 septembre 1983, le Frère Guy Leclerc, directeur d’une école privée et frère d’Edouard Leclerc, entame une grève de la faim. Le 22 octobre 1983, les organisateurs annoncent 150 000 personnes à la manifestation de Nantes pour l’enseignement privé, 250 000 lors de celle de Rennes, le 18 février 1984. Cette dernière reste l’une des plus importantes à s’être déroulée dans la capitale bretonne.
Les manifestants obtiennent gain de cause
Le point d’orgue a lieu le 24 juin, à Paris, avec deux millions de manifestants selon les organisateurs, 550 000 selon la police. Le mouvement se politise aussi, la droite y voyant le moyen de mettre en difficulté le gouvernement socialiste. Ce dernier cède. Lors des vœux aux Français, le 14 juillet 1984, François Mitterrand annonce le retrait, tout en rendant hommage à Alain Savary. Ce dernier présente sa démission le 17 juillet, suivie de celle du premier ministre Pierre Mauroy quelques heures plus tard. Laurent Fabius est nommé premier ministre.La loi Falloux régit toujours l'enseignement catholique
La loi Falloux date de la seconde République. Une longévité exceptionnelle qui s’explique sans doute par le caractère très sensible de la question public/privé à l'école. La loi Falloux (du nom du ministre de l’Instruction publique de la Seconde République qui la fit voter en 1850) réorganisait le système éducatif français en donnant un pouvoir de contrôle à l'Église catholique, mais en encadrant aussi la possibilité de subventionner l’école privée. En 1993, il a été question de l'aménager, en autorisant les collectivités locales à subventionner les investissements des établissements privés sous contrat. Mais encore une fois, le projet n'a jamais vu le jour.Aujourd'hui, plusieurs articles de loi Falloux ont été repris dans le code de l’Éducation, notamment sur les conditions d’ouverture des établissements privés, sur leur contrôle, sur les limites à leur financement et sur la compétence des académies...
... Et la question de l'école publique et de l'école privée reste sensible en Bretagne.