Jeune Jihadiste vannetais tué par un drone américain : rencontre avec son père

Les Etats-Unis pensent avoir tué, après des semaines de traque, un jeune Jihadiste originaire de Vannes, le Français David "Daoud" Drugeon, un expert en explosifs au sein de Khorassan en Syrie, un groupe jihadiste qui planifie des attentats dans des pays occidentaux. .

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"Je pense qu'on l'a eu", s'est contenté d'affirmer un responsable du Pentagone, soulignant que la confirmation du décès du jeune homme prendrait un peu de temps. "Il faisait partie de nos cibles", a t-il ajouté, confirmant implicitement que le Pentagone était sur la trace de David Daoud Drugeon depuis longtemps.

Le général Lloyd Austin, patron du commandement militaire américain pour la région (Centcom) qui supervise la campagne de frappes aériennes en Irak et en Syrie, s'est montré plus prudent. "Nous sommes toujours en train d'évaluer les résultats de ces frappes", a-t-il dit lors d'un forum à Washington. David Drugeon, a-t-il ajouté, "est un élément dangereux de ce groupe. A chaque fois que nous éliminons l'un de ses dirigeants, c'est une bonne chose".

Un jeune Vannetais parti rejoindre le Jihad en 2010

David Drugeon, 24 ans, était originaire de Vannes en Bretagne. Après sa conversion à l'islam, il était parti en 2010 rejoindre la voie du jihad, à destination des zones tribales pakistanaises, où il s'était formé au maniement des explosifs et à la fabrication de bombes. Il s'était ensuite installé en Syrie, lorsque celle-ci est devenue à son tour "terre de jihad".

Tué par un drone

Selon des médias américains, il a été tué lors d'une attaque menée par un drone dans la région d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Sa mort serait un coup dur pour Khorassan, puisque "Daoud", le nom qu'il s'est donné après sa conversion à l'islam, brillait par son savoir-faire en matière d'explosifs.

A l'égal du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et du groupe Etat islamique, Khorassan a su attirer de nombreux jihadistes étrangers en Syrie et est régulièrement ciblé par les raids américains. La grande crainte des pays occidentaux est que Khorassan organise des attentats sur leur sol. James Clapper, le directeur du renseignement national américain, avait ainsi jugé en septembre que le groupe représentait le "même genre de menace" pour les Etats-Unis que l'organisation Etat islamique.

Une lueur d'espoir pour son père 

Le père de David Daoud Drugeon, Patrice Drugeon a appris la mort possible de son fils jeudi par des journalistes de France 2, qu'il a reçus à son domicile de Meucon, dans la banlieue de Vannes. "A l'heure où on parle, je n'ai rien d'officiel de l'Etat français ou de l'Etat américain sur la mort de David, mon fils qui a 25 ans, tué cette nuit par un drone""J'ai un lueur d'espoir parce qu'on ne m'a pas confirmé sa mort".

"Mourir en martyr"

Dans une lettre, qui constitue le dernier signe de vie adressé en 2010 à son père, David Drugeon déclare: "on se retrouvera dans l'au-delà et je mourrai en martyr""Une phrase qui me marque dans le coeur depuis 2010", a souligné le père du jeune homme.

"Je n'ai pas de mots, les mots me manquent mais comme il m'avait dit: il aurait aimé mourir en martyr. Mais si c'est ça, à 25 ans, mourir en martyr, tout ça pour quoi ? "Il est parti le 17 avril 2010 d'ici, pour moi, il partait en école coranique en Egypte, et il revenait soit à l'été, soit à Noël. Je lui ai dit au revoir, je ne lui ai pas dit adieu".

L'interview du père de David Drugeon, rencontré ce vendredi par Stéphane Izad et Larbi Benchiha, chez lui à Meucon (56)



Un expert en explosifs

Apprenant que son fils était devenu un expert en explosifs, Patrice Drugeon s'exclame: "ça m'a fait froid dans le dos (...). Jamais j'aurais imaginé qu'il montre cette voie-là, cette voie de la guerre, de la bombe, de l'envie de tuer". Son fils s'est converti très jeune à l'islam, a-t-il expliqué: "13 ans, vous imaginez ? On était en divorce avec sa maman, mais j'avais de bonnes relations avec David et son frère aussi, il n'y avait pas de problème. Je l'ai vu se convertir, mais il était modéré".

Une éducation européenne, des parents chrétiens

"Il a été baptisé, il avait reçu une éducation européenne, avec des parents qui ont la foi chrétienne, et... la dérive", a poursuivi le père, un chauffeur de bus de l'agglomération de Vannes. Dans la dernière lettre de David, "il y avait deux ou trois phrases qui me disaient qu'il allait bien, qu'il était en bonne santé, que la voie de l'islam était une bonne voie et qu'il priait pour moi, qu'il pensait à moi à la famille, mais que si on se retrouvait c'était dans l'au-delà..."

"Faire attention à ses enfants"

"Je dis aux parents de vraiment faire attention à leurs enfants, de les écouter, de parler avec eux, de les dissuader de partir au jihad, parce que d'apprendre la mort de son fils sur internet c'est quelque chose de très dur, très fort et je le souhaite à personne". "Jamais je n'aurais pensé qu'il puisse faire ça et voilà ou ça en est arrivé maintenant. Jamais je n'aurais imaginé son destin et sa voie", a-t-il confié.

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