Le démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère) se poursuit "en toute sécurité" et "conformément au planning prévu", a annoncé ce mardi EDF, des propos qui laissent cependant dubitative l'association Agir pour un environnement et un développement durables (AE2D).
"Tout se fait en toute sécurité, c'est notre priorité", a assuré le directeur de la centrale à l'arrêt depuis 1985, Jean-Christophe Couty, lors d'une visite du chantier.
"Ma feuille de route, c'est de mettre en oeuvre un programme de démantèlement qui résulte de tout un travail préalable en bureau d'étude dans le respect du planning et en toute sécurité vis-à-vis du personnel et de l'environnement", a-t-il ajouté, assurant que depuis le début du chantier, il n'y avait eu aucun incident radioactif.
Sécurité relative
"En toute sécurité non, ce n'est pas possible, c'est du nucléaire", a réagi Michel Marzin, de
l'association AE2D (Agir pour un Environnement et un Développement Durables).
"Vous êtes en milieu cancérigène dès que vous entrez dans le réacteur", a-t-il assuré, regrettant que les prélèvements réalisés pour s'assurer que le site était dépollué ne puissent être effectués par des associations indépendantes, mais uniquement par EDF.
Trois chantiers simultanément
Actuellement, trois chantiers sont en cours à Brennilis:
l'assainissement du chenal de rejet, le démantèlement des échangeurs de chaleur et le démantèlement de la station de traitement des effluents. Ces chantiers devraient s'achever mi-2016, selon Jean-Christophe Couty. Les combustibles irradiés de la doyenne des centrales françaises ont été évacués lors d'une première phase d'arrêt définitif de l'exploitation entre 1985 et 1992.
Après une interruption de quatre ans, son démantèlement partiel a repris en juillet 2011.
Dans l'attente d'un centre de traitement des déchets radioactifs à vie longue
Pour ce qui est du bloc réacteur et du bâtiment l'abritant, leur déconstruction n'a toujours pas été autorisée par
l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), alors que la construction du site de stockage de déchets nucléaires situé dans l'Ain (Iceda) est à l'arrêt. EDF souhaite implanter sur le site de la centrale du Bugey cette Installation de conditionnement et d'entreposage de déchets activés (Iceda). Déjà construite à 60%, l'Iceda doit permettre de conditionner et d'entreposer les déchets moyennement radioactifs à vie longue (période radioactive supérieure à 30 ans) provenant des neuf centrales nucléaires EDF en déconstruction en France.
A l'arrêt depuis 1985
Prototype mis en service en 1967,
Brennilis est l'unique exemple industriel français de la filière nucléaire à eau lourde, ensuite abandonnée au profit des centrales à eau pressurisée. Prototype industriel couplé au réseau EDF en 1967, la petite unité des Monts d'Arrée (70 MW contre 900 à 1.450 MW pour les réacteurs suivants) a définitivement arrêté de produire le 31 juillet 1985, après avoir fourni 6,2 milliards de KWH - soit l'équivalent de la consommation annuelle de la ville de Paris.
