Voie de navigation dédiée, surveillance aérienne, remorqueur de haute mer: la catastrophe de l'Amoco Cadiz en 1978 marque la prise de conscience en France des risques du transport maritime et le début d'une série de mesures destinées à les réduire.
"A partir de 1978, l'Etat français a pris conscience du risque majeur porté par le transport maritime", explique le préfet maritime de l'Atlantique, l'amiral Emmanuel de Oliveira lors d'un entretien à l'AFP.Depuis un décret de 1978, il revient aux préfets maritimes de coordonner l'action de l'Etat en mer et donc de prévenir et gérer les crises qui peuvent y survenir. Des pouvoirs qui ont été renforcés en 2004.
24 heures sur 24
Les mesures vont s'enchaîner avec notamment l'affrètement par la Marine en juillet 1978 d'un puissant remorqueur de haute mer, basé à Brest et affecté 24 heures sur 24 à l'assistance des navires empruntant le Dispositif de séparation du trafic (DST) mis en place en 1973 au large d'Ouessant. Début 1979, ce rail sera modifié afin d'obliger les navires transportant des matières dangereuses à passer plus loin des côtes bretonnes.
"Tout ce qui navigue est remorquable par l'Abeille Bourbon", assure à l'AFP Jean-Luc Le Goff, commandant du remorqueur de 22.000 chevaux de puissance propulsive, en mesure de lever l'ancre en moins de 40 minutes.
En moyenne, 44.000 navires passent chaque année par cette voie, l'une des plus fréquentées au monde avec 833 millions de tonnes de marchandises y transitant (70% du trafic mondial), dont 252 millions de tonnes de produits dangereux et polluants.
Depuis 1978, les remorqueurs de haute mer basés à Brest ont "évité onze Amoco Cadiz!", assure le commandant Le Goff.
Autre moyen mis à disposition du préfet maritime de l'Atlantique: les aéronefs de la base d'aéronautique navale de Lann-Bihoué, près de Lorient.
Présence dissuasive
"On contrôle tous les navires, on leur demande si tout va bien à bord et s'il n'y a pas d'avarie connue", explique le lieutenant de vaisseau Oriane Jaros-Dunas, au terme d'une mission de survol du rail.
"Notre présence est dissuasive", note la pilote de 32 ans, dont l'avion est capable d'envoyer des images d'une éventuelle pollution directement au Tribunal de grande instance (TGI) de Brest, compétent en matière d'infractions à la sécurité maritime commises du Mont-Saint-Michel à la Vendée. "La sommation peut être faite dans la foulée, c'est un progrès énorme", souligne-t-elle.
Ce travail de surveillance est également réalisé par les Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (Cross), dotés de puissants radars. Implanté à la pointe de la Bretagne, le Cross Corsen a été décidé en 1979 avant d'être inauguré en 1982.