Ancien barman, ancien opticien, ils se reconvertissent dans l'agriculture

Rien ne destinait Patrick ou Antoine, à choisir l’agriculture pour leur reconversion professionnelle. Pourtant aujourd’hui, après leur formation, ils sont persuadés de faire le bon choix. L'un sera bientôt salarié dans un élevage de porcs, l'autre aviculteur dans les Côtes d'Armor.

Dans une autre vie, ils ont été auxiliaire de vie, crèpière ou barman. A l'automne dernier, ils ont repris le chemin de l'école pour préparer un Brevet agricole spécialité porcs, au centre de formation de la Chambre d'agriculture de Quintenic (22). Ils travailleront bientôt, dans l’un des élevages porcins de la région.

Passer du costard cravate à la cote


A 47 ans, Patrick en avait assez de son travail de serveur et de barman, dans l'hôtellerie et la restauration, un métier qu'il a exercé pendant 25 ans. Il voulait changer du tout au tout. Il a découvert les cochons lors d’un stage, chez un voisin, l’été dernier : "dans mon entourage, j'ai quelques amis qui travaillent dans le monde agricole, je ne viens pas de ce milieu  (…) et passer du costard cravate à la côte, ça me plaît", dit-il.


Ce père de famille cherchait un nouveau métier avec des horaires plus fixes que dans la restauration et un salaire correct. Il devrait toucher près de 1500 euros pour commencer. Et aspect primordial pour lui, il est certain de trouver du travail, malgré les difficultés que traverse le secteur. D'ailleurs, il ne craint pas ces crises à répétition dans le milieu agricole.



En Bretagne, selon la Chambre d'agriculture régionale, entre 300 et 500 offres d'emploi ne trouvent pas preneur, en permanence, "et il ne s'agit là que des offres connues", précise-t-elle. 

Ca a fait tilt, je me suis dit que je voulais prendre la suite



Antoine, lui, vient du milieu agricole. Son père était aviculteur. Il a 3 poulaillers à Plounévez-Quintin (22). Quand il était petit, à aucun moment, Antoine n'a imaginé faire le même métier que son père : "j'avais besoin de voir du monde, de voyager". Il est devenu opticien, puis employé de banque. Alors qu'il devait se faire embaucher en CDI dans une banque à Brest, son père lui apprend qu'il est sur le point de trouver un repreneur pour les poulaillers. "Ca a fait tilt dans ma tête, je me suis dit que je voulais prendre la suite", se souvient Antoine. C'était il y a moins de deux ans. Depuis, il a fini sa formation et s’apprête à reprendre l'exploitation familiale. Il va devoir commencer par investir pour mettre les poulaillers aux normes.

Antoine sait que son père sera là pour l’accompagner à ses débuts. Patrick lui, compte sur les conseils de son futur employeur pour réussir sa réinsertion. Comme eux, chaque année, des dizaines de Bretons se reconvertissent dans l’agriculture et trouvent du travail facilement. 
Pendant ce temps-là, des agriculteurs plaquent tout et choississent aussi de se reconvertir
68 000 actifs travaillent dans l'agriculture en Bretagne, dont près de 39 000 chefs d'exploitation et 28 000 salariés. 52% des chefs d'exploitation ont plus de 50 ans et il y a 1500 départs chaque année. Près de 200 offres d'emploi ont été collectées par l'AEF ( Association Emploi Formation) en 2016. Mais ces chiffres ne doivent pas cacher une autre réalité, celle des agriculteurs qui se reconvertissent. 
Dans le Finistère, depuis 2009, un comité de pilotage départemental, constitué de la chambre d'agriculture, de la MSA, du département et de l'Etat, suit les agriculteurs en difficulté. Cette année, il va plus loin dans l'aide qui leur est apportée. L'agriculteur qui souhaite se reconvertir, s'engage à cesser son activité pour devenir demandeur d'emploi, contre le versement d'une indemnité de reconversion de 1.000 €/mois pendant un an et un accompagnement personnalisé. 
Les responsables de la Chambre du Finistère estiment que plus de 100 exploitants agricoles seraient potentiellement en reconversion, sans oser franchir le pas, faute de certitude sur leur avenir.
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