Bretagne : notre climat, un parapluie contre l'épidémie ?

Le crachin et la "douceur océanique" protégeraient-il du coronavirus ? Avec la géographie, le climat serait en effet l'une des principales raisons de la bonne situation épidémique de la Bretagne depuis le début de la crise sanitaire, selon des experts.

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Le 20 janvier, le taux d'incidence du coronavirus en Bretagne était de 96,5 cas pour 100 000 habitants, contre 192 au niveau national. Et depuis le début de l'épidémie, 824 patients sont morts du Covid-19 dans la péninsule bretonne, soit 250 morts par million d'habitants, quatre fois moins que la moyenne nationale.

Malgré des foyers épidémiques précoces dans le Morbihan lors de la première vague de l'épidémie, le coronavirus a donc été bien moins virulent en Bretagne que dans le reste de l'Hexagone.

Cela s'explique par une "combinaison de différents facteurs", explique Pascal Crépey, épidémiologiste à l'École des hautes études en santé publique (EHESP), qui avance en premier lieu "l'hypothèse climatique" car "on sait que le climat a un impact sur la propagation du virus".

"L'hypothèse, c'est que le climat océanique en hiver est peut-être moins favorable à la propagation de ce coronavirus que le climat continental", développe l'enseignant-chercheur.

Le froid aide à la survie du virus en dehors du corps humain. Et plus il fait froid, plus la population reste à l'intérieur, ce qui favorise la propagation du virus. En outre, le virus reste plus longtemps en suspension dans l'air, en fonction du taux d'humidité et de la température.

"Entre 3°C et 12°C et 60 à 90% d'humidité, les gouttelettes sur lesquelles se fixe le virus vont avoir tendance à rester en suspension dans l'air. Ça peut contribuer à une transmission plus forte", explique Alix Roumagnac, président de Predict, filiale de Météo France et d'Airbus.

Sa société s'est appuyée sur un article de deux chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) de mars 2020 pour élaborer un index de "transmissivité climatique du Covid-19". Cet index permet d'expliquer le "développement hétérogène de la pandémie" selon les régions du monde et les saisons, d'après Alix Roumagnac.

Depuis quelques semaines, l'index est d'ailleurs transmis régulièrement à la Direction Générale de la Santé (DGS) pour être analysé. En Bretagne, c'est "la douceur océanique et l'humidité" qui empêcheraient ainsi les gouttelettes porteuses du virus de rester en suspension dans l'air, selon Alix Roumagnac.

"Mais le climat n'est pas l'alpha et l'oméga de la propagation de ce coronavirus. Il n'explique pas à lui seul la dynamique de l'épidémie", met en garde Pascal Crépey.

"Moins de brassages"

Au-delà de la météo, c'est aussi la position géographique de la péninsule bretonne, à l'extrême ouest de l'Europe, qui "l'expose moins aux flux de populations", selon Pascal Crépey. "C'est moins un carrefour que d'autres régions de l'est de la France. Et, qui dit moins de flux de populations dit moins de brassages, moins de risques de réimportation du virus et une pression épidémiologique externe moins forte", ajoute-t-il.

"D'une manière générale la façade ouest du pays est moins touchée", remarque aussi Stéphane Mulliez, directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne. "C'est une région plus rurale que d'autres régions. Cela explique peut-être qu'on soit moins concerné."

La densité de population en Bretagne est légèrement supérieure à la moyenne nationale. Mais les métropoles y sont "peu nombreuses et plus petites", avance aussi Éric Stindel, président de la commission médicale d'établissement (CME) du CHRU de Brest.

La ville de Brest, qui affiche le taux d'incidence au Covid-19 le plus faible des métropoles françaises, "est probablement une des plus petites métropoles de France, avec des densités de population faibles", remarque-t-il. "Il y a dans ces territoires assez ruraux des moyens de circulation qui sont assez peu concentrateurs. Pour venir travailler, on n'utilise pas des transports en commun dans lesquels on est nombreux, très serrés."

Autre argument souvent entendu: le "civisme" des Bretons, salué entre autres par l'ancienne préfète de Bretagne Michèle Kirry. Une hypothèse que n'exclut pas Pascal Crépey mais qu'il qualifie de "beaucoup plus fragile".

 

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