Durant sa jeunesse, Hervé Hillard a passé toutes ses vacances dans l’archipel de Chausey. Un demi-siècle plus tard, il a fait le choix d’y vivre toute l’année et se définit ainsi comme un homme heureux. L’hiver, ils ne sont que six habitants à vivre à Chausey.
C’est ici chez moi !
Hervé Hillard
A 63 ans, Hervé Hillard, l’homme aux pieds nus, a retrouvé son paradis : l’archipel de Chausey. Bout de terre qui se trouve à 17 kilomètres du port de Granville. Cet archipel est français, contrairement aux îles voisines anglo-normandes.
Pour cet ancien journaliste de Voiles et Voiliers, Chausey est un formidable espace naturel de 12,5 km de long sur 5 km de large, il est aujourd’hui, par le nombre d'îlots, le plus grand archipel d’Europe.
C’est une vraie chance d’avoir une maison ici et j’y habite avec beaucoup de bonheur. On est en pleine mer, quand il y a un coup de vent, une tempête, on est au premières loges, on est au cœur des éléments.
Il est l’un des rares habitants vivant à l’année sur la Grande-Ile, seule île habitée de l’archipel. Depuis 50 ans, les îles Chausey sont restées les mêmes, aucune nouvelle construction n'est possible car la totalité des îlots de l’archipel et 80% des terrains de la Grande-Île sont constitués de propriétés privées appartenant à la Société Civile Immobilière des Iles Chausey. Il est toutefois possible de débarquer et de visiter l’ensemble du territoire de l’archipel.
Chausey surprend avec ses paysages qui offrent un spectacle en perpétuel mouvement. On a l’habitude de dire qu’à marée haute, on peut observer 52 îlots et à marée basse 365 faisant référence au nombre de semaines et de jours dans une année. C’est aussi un des plus grands marnages d’Europe quinze mètres de différence entre la marée haute et la marée basse, soit environ un immeuble de quatre étages lors des grandes marées.
Hervé Hillard se souvient avec émotion de ses premiers souvenirs d’enfance sur Chausey « On pleurait quand l’été se terminait, on ne voulait pas partir ». Chausey pour lui, c’était deux notions intimement liées : d’un côté la découverte de la liberté et de l’autre la responsabilité car Chausey, tout magnifique endroit que cela puisse être, reste un endroit dangereux
L’archipel aux deux visages
« L’hiver c’est rude ! On est entre 4 et 6 personnes sur l’île »
Il n’y a que deux bateaux par semaine qui font la liaison entre le continent et Chausey, le mercredi et le samedi. Il n’y a rien d’ouvert, pas de restaurant, ni d’hôtel, pas de magasins, c’est une vie assez particulière. « On peut rester quelques jours sans voir personne mais on veille les uns sur les autres. L’hiver, on est en intimité avec le lieu ». « Quand on aime la nature et que l’on est ici depuis l’enfance c’est une chance formidable de pouvoir habiter là ! »
La famille d’Hervé est sur le continent, il va régulièrement les voir mais aujourd’hui, il ne pourrait plus envisager d’y vivre.
« L’été c’est bien aussi »
Dès le printemps, Chausey doit faire face à une explosion touristique. L’été, l’île abrite environ 200 habitants et peut recevoir jusqu'à 1900 visiteurs par jour et au moins autant arrivent par leurs propres moyens dans l’archipel lors des beaux jours ou des grandes marées. Mais Hervé aime bien ce moment où « les enfants jouent ensemble, les amis sont là, on navigue, on va à la pêche, on s’amuse ! ».
Hervé Hillard ne s’ennuie jamais à Chausey. Il a un bateau, pêche, jardine et fait de la photo. Pour lui c’est un merveilleux moyen de partager l’île avec les autres, de ne pas la garder pour lui. Ça permet aux gens également de découvrir l’île l’hiver. « Les lumières sont plus belles, les animaux plus présents. On est vraiment dans l’intimité de l’archipel ».
Hervé est conscient que l’équilibre de cet archipel reste très fragile. Le tourisme fait partie du monde moderne. Il faut essayer de garder un tourisme raisonné qui soit en proportion avec le site.
Pour voir et revoir, Littoral, au fil de l'eau, Chausey le paradis sauvage. C'est par ici ?