Aux Sept-îles, ce n’est pas l’hirondelle qui fait le printemps mais le macareux moine

C’est dans les Côtes-d’Armor, au large de Perros-Guirec, dans la réserve naturelle des Sept-Iles, que se trouve aujourd’hui la dernière colonie de macareux moines en France.

Le macareux moine qui appartient à la famille des oiseaux de mer, est peu farouche. Il est facilement reconnaissable avec sa petite tête ronde, ses tâches noires autour des yeux en forme de triangle et son gros bec coloré au printemps. Sa célébrité vient aussi de sa démarche originale facilement reconnaissable, un peu à la manière de Charlot

Avec ses petites ailes, le macareux moine, vole difficilement mais c’est un excellent plongeur. Il peut aller jusqu’à 60 m de profondeur pour se nourrir. C’est l’un des rares oiseaux à pouvoir tenir dans son bec plusieurs poissons car il a une langue rappeuse qui retient ses proies glissantes.

C’est un oiseau de « haute mer ». Il passe l’essentiel de sa vie, au moins sept mois dans l’année, au milieu de l’océan. Il est difficilement reconnaissable l’hiver, son bec change de forme, perd sa couleur orangée et son visage se ternit. Mais après cette période d’hivernage, le macareux vit une grande étape de sa vie.

La saison des amours

A partir du mois de mars, c’est le grand retour des macareux sur la terre ferme pour former des colonies de reproduction. On les trouve essentiellement en Islande, au nord de la Norvège, dans le sud de la Nouvelle-Zélande, dans le sud-ouest du Groenland et dans le nord-est de l’Amérique du Nord. En France, la dernière colonie se trouve au large de la Côte de Granit Rose, dans la réserve des Sept-Îles.

Les macareux forment des couples pour la vie. C’est à la saison des amours que le bec des macareux prend la belle couleur orange vif qu’on lui connait. Le couple n’a que cinq mois pour assurer sa descendance. Chaque femelle pond un œuf unique et les deux parents élèvent leur poussin ensemble. Ils construisent leur nid sur les falaises dans des petites crevasses, des petits terriers. A la fin de l’été, le petit prendra son envol pour ne revenir qu’au printemps suivant. L’espérance de vie du macareux est de vingt-cinq ans. 

Le macareux est un survivant

Au début du 20ème siècle, des vrais « safaris » étaient organisés en Bretagne pour chasser le macareux moine de l’archipel des Sept-îles. Les chasseurs se donnaient rendez-vous au large de Perros-Guirec et ils pratiquaient un véritable massacre.

En 1900, on pouvait lire sur les affiches publicitaires de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest que Perros-Guirec était réputée pour « la pêche à la crevette et la chasse aux oiseaux de mer ».

« Les Sept-Îles comptaient à l’époque la plus importante colonie de macareux moines en France métropolitaine. Elle était estimée à 15.000 couples au début du siècle dernier. Mais l’afflux de chasseurs a entraîné une baisse très rapide de la population de ces oiseaux, et en 1912, il ne restait plus que 400 couples… », explique Gilles Bentz, ancien responsable de la station LPO de l’Île-Grande dans un article du Télégramme  (2017)

Le macareux moine doit sa survie aujourd’hui, grâce à la création de la Réserve naturelle des Sept-Îles. Ce site est classé en réserve naturelle nationale depuis 1976, mais l’histoire a commencé bien plus tôt,  avec la création de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) dénonçant et interdisant dès 1912 la chasse des macareux moines alors persécutés par les chasseurs-exterminateurs.

Grâce à cette action, les macareux moines ont survécu mais ont dû faire face par la suite, aux marées noires, aux dégazages sauvages, aux différentes pollutions (lumineuses) réduisant encore leur population. Aux Sept Iles, la réserve naturelle est encore aujourd’hui gérée par la Ligue de protection des oiseaux dont le macareux moine en est l'emblème. Cette dernière colonie en France ne compte plus qu’environ 200 couples, protégés par les ornithologues.

Avec Marine Barnérias, partez au large de la côte de Granit Rose, dans l’archipel des sept îles. Cette réserve naturelle protège la plus grande communauté d’oiseaux marins de France métropolitaine (25 000 couples d’oiseaux marins nicheurs de 11 espèces différentes). Un combat, quand on sait qu’entre 1950 et 2010, près de 70% des espèces d’oiseaux marins ont disparu dans le monde. Pascal Provost et Armel Deniau sont les gardiens de ce lieu. Ils évaluent l’état de santé de la biodiversité marine tout en informant les citoyens de la fragilité de tous ces ilots...

Pour voir et revoir Littoral c'est ? Réalisation Corentin Pichon

 

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