Il est celui qui murmure à l'oreille de Didier Deschamps, l'entraîneur de l'Equipe de France de Football. Originaire du Trégor, Guy Stéphan est un homme discret, très attaché à sa région. Il nous fait découvrir sa Bretagne, celle de ses débuts, celle où il vient se ressourcer dès que possible.
C'est au pied du mur qu'on voit le maçon. Un vieil adage qui vaut aussi pour le footballeur, selon Guy Stéphan. L'entraîneur-adjoint de l'Equipe de France de Football qui forme un solide duo avec Didier Deschamps et qui est le père de Julien Stéphan, l'entraîneur du Stade Rennais, s'est construit à Ploumilliau dans les Côtes d'Armor.
Le mur de Ploumilliau
Ses parents tenaient un garage dans le bourg. Un garage à l'entrée duquel se trouvait un mur sur lequel le jeune Stéphan va s'exercer sans relâche. "Tous les soirs après l'école, dès l'âge de 5-6 ans, je demandais à ma mère un sandwich, et puis je descendais taper dans le ballon pendant des heures et des heures, je faisais un peu les devoirs quand même", précise-t-il. "Il y avait mon frère et quelques copains qui jouaient aussi, mais je passais beaucoup de temps seul. C'est un peu comme un pianiste qui répète ses gammes. Moi je répétais mes gammes en tapant contre le mur, pied droit, pied gauche. C'est là que j'ai appris à jouer au foot, c'est là que j'ai appris à maîtriser le ballon des deux pieds, de la tête, à frapper fort. Ce qui est bien avec un mur, c'est que lorsque que vous tapez dedans, le ballon revient toujours".
Ce mur a aujourd'hui perdu sa gouttière. Mais il trône toujours à la même place. Quand le regard de Guy Stéphan se pose sur ces pierres défraîchies, l'émotion perce dans ses yeux, comme s'il était transporté plus de cinquante ans en arrière.
La pelouse d'Yves Jaguin
Retour en arrière également lorsque nous retrouvons, à l'entrée de l'ancien stade Yves Jaguin, son capitaine de l'époque, une figure de l'En Avant de Guingamp, Sylvestre Salvi. Ensemble, ils ont vécu la première montée de l'EAG en deuxième division, c'était en 1977.
Aujourd'hui, la pelouse et les tribunes ont disparu, le terrain est devenu une friche qui doit bientôt accueillir un lotissement. Mais quand les deux hommes pénètrent dans leur ancienne enceinte, les souvenirs remontent aussitôt. "C'était voilà quarante ans, mais il nous reste un petit peu de mémoire, un petit peu", lance dans un sourire Guy Stéphan, avant d'échanger une anecdote avec son capitaine. "C'est les mêmes matches dont on parle, et on arrive toujours à trouver le même score".
La plage de Trestraou
Avant de jouer à Guingamp, Rennes, Le Havre, Orléans ou Caen, c'est à Perros-Guirec qu'il porte son premier maillot et ses premiers crampons. C'est donc tout naturellement qu'il nous emmène sur la plage de Trestraou, cette plage qui fait face au Sept-Iles. "Perros, c'est une ville que j'aime bien. La Côte de granit rose, c'est un peu mon enfance aussi, j'y ai joué au football, j'y ai de la famille, ma soeur réside ici, donc voilà, c'est mon bol d'air. Ça fait beaucoup de bien, ça m'oxygène. Quand je repars d'ici, je pars avec beaucoup d'énergie. Il y a d'autres coins qui sont très agréables en Bretagne, mais celui-ci m'est particulièrement cher, ne serait-ce que par rapport à mon enfance".
Reviendra-t-il vivre en Bretagne, et pourquoi pas dans le Trégor ? Il ne sait pas. Nous, on se dit que c'est loin d'être impossible, vu l'attachement de l'homme à sa région natale.