Alors qu'un rapport remis à l'Agence régionale de santé la semaine dernière préconise la fermeture de la maternité de Guingamp, Noël Le Graët, l'ancien maire de la ville, dit avoir reçu du président de la République la garantie qu'elle ne fermerait pas. Elus locaux et syndicat hospitalier saluent la nouvelle. Et espèrent, cette fois, qu'il ne s'agit pas d'un énième sursis.
Noël Le Graët l'affirme dans les colonnes du Télégramme : "la maternité de Guingamp ne fermera pas". C'est même le président de la République en personne qui l'a assuré de la décision, alors que l'ancien maire de la ville se trouvait à la maternité où sa petite-fille a accouché ce vendredi.
Cette annonce fait évidemment réagir. A commencer par le président de Guingamp-Paimpol Agglomération. "C'est une bonne nouvelle qu'il faut maintenant confirmer par voie ministérielle, indique Vincent Le Meaux. La parole donnée par Emmanuel Macron doit être respectée".
"Etre cohérent avec les besoins des habitants"
Le président de Guingamp-Paimpol Agglomération a du mal à masquer son agacement face à l'attitude de l'Agence régionale de Santé (ARS), laquelle, selon lui, "n'a eu de cesse, depuis toutes ces années, de vouloir fermer la maternité. Or, l'ARS doit respecter la décision du président de la République mais aussi la position des élus locaux qui sont là pour décider des orientations stratégiques du territoire. Nous ne sommes pas les porte-voix de l'ARS, surtout quand ce qu'elle propose va à contresens de la réalité des besoins des habitants ".
Vincent Le Meaux cite aussi l'étude conduite par l'agglomération de décembre 2021 à juin dernier, "une étude circonstanciée, dit-il, qui montre la nécessité de conserver la chirurgie et la maternité à Guingamp. Nous l'avons présentée au directeur de l'ARS la semaine dernière".
Les conclusions de cette étude ne vont pas dans le même sens que le rapport rendu, le 4 juillet, par Bruno Rossetti, l'expert mandaté par l'ARS pour établir un diagnostic, évaluer l'offre de soins et la réorganiser.
Le rapport Rossetti préconise, en effet, la fermeture de la maternité de Guingamp qui serait remplacée par un centre périnatal. L'hôpital perdrait également son pôle de chirurgie conventionnelle. Accouchements et opérations seraient regroupés sur les sites de Saint-Brieuc et Lannion. "Envoyer les gens vers Saint-Brieuc ou Lannion, voire Brest ou Rennes, ce n'est pas cohérent avec les besoins de la population, martèle Vincent Le Meaux. Il faut faire un effort et se donner les moyens pour maintenir les hôpitaux de proximité. La maternité de Guingamp, ce sont 500 naissances par an".
"Rendre l'activité pérenne"
Du côté du syndicat Sud-Santé de l'hôpital de Guingamp, la parole présidentielle est entendue avec mesure. "Si ça permet de sauver la maternité et notre pôle chirurgie, tant mieux. Mais est-ce que c'est la bonne, cette fois ?, interroge Fabrice Dehove. On savait que le dossier était éminemment politique. On en a encore la preuve."
Le syndicaliste rappelle que, en 2018 déjà, en plein Mondial, le président de la Fédération française de football avait interpelé Emmanuel Macron sur le sujet, lors de la demi-finale de l'équipe de France à Moscou. "Il y a quatre ans, nous avons obtenu un sursis, relate le représentant de Sud-Santé. Dire à nouveau que la maternité ne fermera pas, ce n'est pas suffisant. Il faut que cette annonce s'accompagne de moyens pour travailler et rendre l'activité pérenne. Nous ne pouvons pas continuer avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête".
Fabrice Dehove constate que "l'attractivité de l'hôpital est en berne avec cette menace de fermeture qui revient sans arrêt. Qui a envie de venir travailler ici sachant cela ? Garantir l'activité une bonne fois pour toutes permettra de résoudre les problèmes de recrutement, surtout que cet hôpital à taille humaine va dans le sens de ce que recherchent aujourd'hui les personnels de santé".