Cancer du sein triple négatif. "Vivre avec, mais vivre". Elle lance un SOS pour financer son traitement en Allemagne

Atteinte d'un cancer du sein triple négatif métastatique, Sandrine Tilly n'a, selon les médecins, que 18 mois d'espérance de vie devant elle. Cette jeune maman de 35 ans, originaire de Trébeurden, veut se battre pour contrer le pronostic. Sans solution de traitements en France, qui lui permettraient de vivre plus longtemps, elle a décidé de se tourner vers l'Allemagne. Or, les soins outre-Rhin coûtent très cher. Un appel à la solidarité est lancé.

Au téléphone, la voix est douce et posée. Sandrine Tilly raconte brièvement la nuit "compliquée", le sommeil transpercé par la douleur au dos. Elle dit aussi qu'elle n'est "pas trop à l'aise" pour parler "de tout cela". Se mettre en avant, s'exposer, "ce n'est pas dans [sa] nature" mais elle sait qu'elle n'a plus le choix. Car le temps presse.

La jeune femme de 35 ans, originaire de Trébeurden dans les Côtes-d'Armor, est atteinte d'un cancer du sein triple négatif, lequel a généré des métastases le long de sa colonne vertébrale. Ces dernières ont été découvertes fin juin. "On m'a annoncé qu'il me restait 18 mois à vivre, explique cette maman de deux petites filles de 8 et 4 ans. J'ai reçu un choc. J'ai eu le moral à zéro pendant des jours. Puis, je me suis dit que ce n'était qu'un pronostic. Je veux me donner toutes les chances de le contrer".

Trouver 250.000 euros pour des soins en Allemagne

Ni éligible à l'immunothérapie en France, ni autorisée à accéder au Trodelvy, un médicament qui permet de doubler l'espérance de vie, Sandrine n'a plus que l'Allemagne et une clinique privée proche de la frontière française comme alternative, où elle pourra bénéficier d'une immunothérapie combinée à une vaccinothérapie personnalisée.

Ce lieu, elle l'a découvert après avoir suivi le combat d'Aude Le Roux, une autre triplette costarmoricaine décédée depuis.

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Les soins dans cette clinique privée allemande coûtent cher, environ 250.000 euros. Et cet argent, Sandrine ne l'a pas. La solidarité s'organise autour d'elle, depuis cet été. Arthur, son compagnon, Aline et Céline, ses sœurs, Sylvain, son beau-père, tout le monde se mobilise.

Nous devons tout faire pour réunir ces 250.000 euros qui peuvent lui donner une chance de guérir ou de gagner des années de vie.

Sylvain Boubounelle

Beau-père de Sandrine

Une cagnotte est rapidement mise en ligne, une page Facebook créée. "On a déjà récolté 47.000 euros, souligne Sylvain qui a même arrêté de travailler pour se consacrer entièrement à sa belle-fille. On va sur les marchés, on a monté une association, "L'espoir d'une triplette". On tente tout, tout, tout. J'y crois !".

L'homme remue ciel et terre. "Il est à fond, il n'en dort plus" sourit Sandrine. Lui dit qu'il ne sait pas faire les choses à moitié. "Et puis, il y a urgence, le temps est compté, assure-t-il. Nous devons tout faire pour réunir ces 250.000 euros qui peuvent lui donner une chance de guérir ou de gagner des années de vie".

"Champ de bataille"

Accompagnée d'Arthur, de leurs deux filles et de son beau-père, Sandrine s'est rendue en Allemagne mi-juillet pour entamer les premiers soins financés par les économies de la famille. Les dons serviront à couvrir la suite des traitements et les hospitalisations de plusieurs jours outre-Rhin.

Diagnostiqué en février 2022, ce cancer du sein triple négatif a mis les émotions des uns et des autres à rude épreuve. D'autant qu'à l'automne dernier, après des séances de chimiothérapie, une opération pour retirer la tumeur et de la radiothérapie, la rémission avait été annoncée à la jeune femme.

Une bonne nouvelle de courte durée avec l'apparition des métastases sur la colonne vertébrale. "Le deuxième coup de massue, se souvient Arthur qui est littéralement "tombé par terre" en l'apprenant. Avant de se relever. "Si on n'est pas dans le combat tout de suite, c'est fini d'avance, affirme-t-il. On est sur un champ de bataille, là. Plus je suis dans l'action, moins je cogite. Et puis, il y a nos filles que nous devons rassurer, même si ce n'est pas évident car nous sommes aussi un peu perdus".

Générosité

Sandrine change de régime alimentaire, fréquente régulièrement le spa, "car le sauna est bon pour [ses] os". En plus des traitements conventionnels, elle puise également dans la médecine naturelle et dans la médecine traditionnelle chinoise, pour soulager son corps douloureux. "Tout ce que je fais, cela ne peut que m'aider, souligne-t-elle. Je veux rester active et positive".

Je fais en sorte que ce soit le plus normal possible pour mes filles. Je me bats pour elles.

Sandrine Tilly

Quand les jours avec succèdent aux jours sans, elle se balade en bord de mer et, surtout, savoure les moments avec ses filles. "Je fais en sorte que ce soit le plus normal possible pour elles. Elles savent que je suis malade et comprennent que c'est difficile à soigner. Je me bats pour elles" confie cette maman qui ne cache pas sa gratitude mêlée d'étonnement face aux nombreux soutiens qu'elle reçoit. "Je suis très touchée. Je ne m'attendais pas à tout cela, y compris de gens qui ne me connaissent pas. Cela fait du bien de se dire que l'humain est encore là et que la générosité existe toujours".

"Sauver Sandrine"

Grâce à l'énergie du beau-père et des sœurs, plusieurs événements sportifs et culturels seront organisés dans ce coin du Trégor du 11 au 15 août. Sept communes et de nombreuses associations se sont engagées aux côtés de la famille. "On a besoin de bénévoles, on cherche encore des artistes qui accepteraient de se produire, précise Sylvain. On lance une bouteille à la mer à tous ceux qui veulent participer pour sauver Sandrine".

Gagner du temps sur la maladie, voilà ce que cette jeune mère de famille espère aujourd'hui. Ce temps précieux "pour peut-être guérir, dit-elle. Et si je ne guéris pas, vivre avec le cancer, mais vivre".

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