Syndicats, pouvoirs publics et direction ne s'accordent pas sur les embauches chez Nokia. Selon les syndicats, il y a "un décalage" entre les engagements pris et la réalité. L'entreprise a bien accéléré le recrutement, mais seulement en R&D ce qui "ne suffit pas" à combler la perte de 500 emplois.
Ce mardi 13 mars, une rencontre avait lieu au Ministère de l'économie entre les pouvoirs publics, les syndicats et l'entreprise Nokia.
Au terme de cette réunion, le gouvernement a salué une "accélération" ces derniers mois du rythme des embauches chez Nokia. "Nous avions constaté l'année dernière qu'il y avait un dérapage et que Nokia était passé en-dessous de l'effectif sur lequel il s'était engagé", a rappelé la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie, Delphine Gény-Stephann.
Il y a eu un gros coup d'accélérateur, donné sous la pression de l'État, pour reprendre à un rythme plus soutenu les embauches.
En effet, force est de constater que Nokia a accéléré les recrutements pour atteindre son engagement. Le président de Nokia France, Thierry Boisnon, l'a confirmé : "notre objectif d'avoir 2 500 personnes à la fin 2018 en R&D sera sans doute atteint pendant l'été, soit avant le délai initial de fin 2018".
Problème : l'entreprise a promis qu'il n'y aurait pas de nouveau plan tant que l'effectif de 4 200 salariés ne serait pas atteint sur les sites de Nozay et Lannion. Pourtant, fin février, un nouveau plan de 500 suppressions de postes était d'ores et déjà annoncé en 2018-2019.
"Le compte n'y est pas" pour les syndicats
Sur le site de Lannion, la pilule passe mal : les syndicats refusent d'admettre le motif économique des licenciements. Ils dénoncent également le non-respect des engagements pris en accord avec le gouvernement.
"Le compte n'y est pas", dénoncent les délégués syndicaux, Pascal Guiheneuf (CFDT) et Chantal Le Corvellec (CGT). Selon eux, les embauches progressent, certes, mais seulement celles en Recherche et Développement (R&D).
"Bien sûr, il y a un gros recrutement d'ingénieurs en R&D, mais ça ne suffit pas à combler le gap qui va se créer avec le nouveau PSE [Plan de sauvegarde de l'emploi, NDLR] dont la procédure vient de se terminer", estime Mme Le Corvellec. Ainsi, résume M. Guiheneuf :
On va continuer à embaucher, mais on va continuer à débaucher.
"Nous avons constaté un décalage" entre les engagements pris et la réalité, poursuit M. Guiheneuf. Le niveau de 4 200 emplois "ne sera pas atteint avant 2-3 mois et, comme il y a un plan social, il ne va pas être tenu longtemps", prédit-il.
► Revoir l'interview de Chantal Le Corvellec, déléguée syndicale CGT :