Cinq mois après que le préfet des Côtes d'Armor a autorisé l'ouverture d'une nouvelle fosse dans la mine de la société Imérys, à Glomel, la polémique autour de ce projet monte d'un cran. Soutenue par la majorité municipale et par une partie des habitants, l'activité d'extraction de l'andalousite est accusée de polluer l'eau et les sols par d'autres riverains et par des associations écologistes. Ces derniers manifestent, ce samedi 23 novembre, près du site de la mine.
Les environs de Glomel ont de quoi surprendre le visiteur qui découvre cette région du centre Bretagne. Des landes et marais protégés dans une petite réserve naturelle régionale, des sites classés Natura 2000... et une mine à ciel ouvert, exploitée depuis 1972 et considéré comme la plus grande en activité en France.
La société multinationale Imérys, qui a repris et développé la mine en 2012, extrait de l'andalousite de la roche de Glomel : jusqu'à 1,5 million de tonnes de roches excavées, pour en extraire entre 65 000 et 75 000 tonnes d'andalousite par an.
Un cinquième de la production mondiale
En raison de sa résistance aux fortes températures, ce minerai, incorporé à du béton ou à de la peinture, est principalement utilisé pour fabriquer des cuves et des fours pour les usines de la métallurgie et les centrales nucléaires. Le site de Glomel fournit, à lui seul, un cinquième de la production mondiale d'andalousite. Les rares autres mines d'andalousite sont situées en Afrique du Sud et au Pérou.
Pour la multinationale Imérys, le creusement d'une 4ème fosse d'extraction est stratégique, les autres étant annoncées comme épuisées d'ici une dizaine d'années.
Le sérieux de l'étude d'impact pointé
Mais certains habitants de Glomel redoutent que l'étude d'impact fournie par l'industriel à la préfecture des Côtes-d'Armor ait négligé certains aspects de ses rejets dans l'environnement. Une suspicion que vient nourrir l'enquête de Slpann!
À lire. À Glomel, la carrière de la discorde
Les journalistes ont ainsi découvert que pour l'analyse d'un cours d'eau à proximité de la mine, le Crazius, "les métaux les plus toxiques émis par le site ne semblent pas avoir été recherchés". Sur la base de leurs propres prélèvements, effectués en plusieurs points autour de la mine, le site d'investigation a découvert que "les concentrations en nickel sont jusqu’à 60 fois supérieures à la valeur guide pour un bon état écologique des sédiments d’eau douce. Les concentrations en cobalt sont jusqu’à 20 fois supérieures à cette valeur. Les analyses révèlent aussi la présence de métaux toxiques qu’Imerys n’est pas censé déverser : les sédiments contiennent quatre fois la valeur guide pour l’arsenic et une teneur anormale en cadmium, tous deux également cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques."
L'autorisation accordée à la mine a été donnée sur la base d'une étude d'impact très insuffisante, et qui passe sous silence de très très graves pollutions, et quand je dis pollutions, je suis gentil, on peut plutôt parler d'intoxication ou d'empoisonnement.
Jean-Yves JégoAssociation Douar Bev et membre du Collectif "Mines de rien"
L’association Eau et rivières de Bretagne a déposé un recours contentieux, le 21 octobre dernier, estimant que les captages d'eau potable à proximité de Glomel sont menacés.
Pour sensibiliser la population, une manifestation s'est déroulée à proximité de la mine, à l'appel, notamment, des Soulèvements de la Terre Mervent (Bretagne sud), de l’UDB (Union démocratique bretonne) Kreiz Breizh, et Europe écologie les verts Bretagne. La mobilisation a rassemblé environ 150 personnes.