Un internat rural pour futurs médecins a été inauguré à Créhen (Côtes-d’Armor). Initiative du conseil départemental et de l’Agence régional de santé (ARS), cette première permet aux internes en médecine de découvrir un secteur en déficit de généralistes. Quatre autres internats de ce type devraient voir le jour dans le département.
C’est une première et ça vaut bien une visite ! L'aile d’un EHPAD de Créhen (Côtes-d'Armor) est désormais dédiée au logement d'internes en médecine qui sont amenés à pratiquer en milieu rural. Ces logements leur sont proposés à seulement 50 euros par mois. "On a une salle commune, avec la cuisine où on se rejoint le soir avec Célia, raconte Jade, la jeune stagiaire qui présente les lieux. On a notre machine à laver, une table et chacune notre frigo !"
Internes en médecine générale, Célia et Jade sont en stage dans des cabinets à la campagne et loin de Rennes, ville où elles étudient et vivent toujours. Être logées à Créhen, "ça me permet de pouvoir faire moins d’allers-retours et en plus, j'ai une coloc, donc c’est plutôt sympa !" sourit Célia.
Ce 30 janvier, des officiels de l’ARS, du Département des Côtes-d'Armor et de l’Université de Rennes sont là pour inaugurer le bâtiment. Les deux jeunes femmes ne sont pas originaires de Bretagne et tout est fait pour les attirer au-delà des grandes villes de la région.
Oser aller dans les territoires ruraux, s'éloigner des grandes villes, peut relever de l'audace parfois et mettre en place ce type d'internat rural est un des leviers qui permet de faciliter la découverte des zones rurales.
Anthony ChapronMédecin à Quévert (Côtes-d'Armor) et directeur du département de médecine générale de Rennes 1
Quatre autres maisons de ce type vont ouvrir dans les Côtes-d’Armor, département breton le moins bien doté en médecins généralistes. On en compte 7,7 pour 10 000 habitants contre 9,2 pour le reste de la région. L’objectif de cette expérimentation vise aussi à créer du lien avec les professionnels déjà installés.
"Ça leur permet de connaître les territoires, de connaître les praticiens, d’avoir un travail avec les médecins et d’autres paramédicaux, estime François Négrier, directeur de l'ARS Côtes-d'Armor. Et oui, on considère que ça peut être un élément déclencheur pour une installation future."
Pratiquer à la campagne
"En tant que médecin, on a le loisir de pouvoir s'installer où on veut en France, donc ça se joue au territoire qui va nous fournir la meilleure attractivité", confie Célia. Pour la jeune femme, le territoire idéal doit être proche d'une petite ville dynamique, ne "pas être trop perdu dans la campagne", pas trop loin d'un hôpital. Et s'y loger ne doit pas non plus relever du calvaire. "Ici, on a Dinan et Saint-Malo à côté, et Rennes n'est pas si loin. Tout est accueillant," poursuit-elle.
Le rural m'intéresse plus en tous cas. La médecine de ville, c'est moins de suivi. C'est beaucoup d'étudiants qui viennent pour un certificat de sport et qu'on voit une fois. En campagne, on voit toutes les générations, on connaît les familles. (...) On y rencontre davantage de métiers manuels, les gens ne viennent pas consulter pour les mêmes motifs qu'en ville.
JadeInterne en médecine générale
Dès mai 2024, ces deux internes laisseront leur logement à d’autres futurs médecins. Elles poursuivront leur formation ailleurs avant peut-être de revenir un jour dans ce coin des Côtes-d’Armor qu’elles commencent à découvrir.