Alors que les vents ont soufflé à plus de 200 km en Bretagne au cours de la tempête Ciaran, de nombreux oiseaux marins ont été aperçus en difficulté. Certains ont été recueillis par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO).
"On a eu en une semaine plus d'une centaine d'appels pour des oiseaux en détresse ou échoués alors qu'en cette période pré-hivernale, on a d'habitude seulement quelques dizaines d'appels". Ces propos sont ceux de Romain Morinière, le directeur de la station LPO de l'Ile Grande à Pleumeur-Bodou (Côtes-d'Armor).
Le spécialiste des oiseaux nous confirme que les oiseaux marins ont fait les frais de la tempête Ciaran et des vents violents qui ont suivi.
"On a recueilli et soigné dans notre centre de soins plusieurs Océanites tempête, qui sont de petits oiseaux marins qui sont rarement sur notre secteur". Et d'ajouter, "ces signalements et ces oiseaux recueillis, même s'ils ne sont pas énormes en quantité, ne représentent qu'une infime partie des oiseaux affaiblis ou échoués. On sait que c'est 1 cas sur 10 vu par l'homme et que les 9 autres cas, on ne les verra jamais. La plupart des oiseaux trop affaiblis tombent dans la mer et meurent".
Le spécialiste relate aussi le témoignage d'une dame ayant eu dans son terrain sur le littoral au lendemain de la tempête "plusieurs dizaines d'oiseaux morts, comme des cormorans, des mouettes et des goélands, au milieu de la charpie des arbres déracinés de son jardin".
Des oiseaux marins en grande difficulté
Selon Romain Morinière, les oiseaux marins ont sans aucun doute été maltraités par la tempête et emportés par les vents. Il est bien trop tôt pour faire un point sur les conséquences de ces coups de vents sur les oiseaux mais "on s'attend dans les jours à venir à des arrivées sur la côte".
Olivier Retail, le directeur de la LPO Bretagne, est sur la même longueur d'onde, précisant que même s'il est impossible d'évaluer les conséquences de la tempête sur ces oiseaux marins, tous les signalements des amateurs et des ornithologues montrent que des oiseaux traditionnellement absents de nos territoires ont été aperçus. Et de citer, en plus des Océanites tempête, les mouettes de Sabine, espèce vivant plutôt vers le Groenland ou le Canada, repérés dans les terres, "ce qui est rarissime". "Des albatros ont même été aperçus du côté de Quiberon" ajoute-t-il.
Nul doute, selon Olivier Retail, que des espèces de haute-mer "presque jamais vu dans les terres" sont venues s'abriter des vents et se reposer sur le continent.
Les oiseaux terrestres pas épargnés
Romain Morinière explique également qu'avec le nombre incalculable de chutes d'arbres, nombreux sont les oiseaux terrestres blessés aux ailes ou aux pattes, certains ayant été projetés par les rafales contre un arbre ou une structure en dur.
Les dégâts de la tempête sur les forêts et les arbres vont poser de sérieux problèmes pour ces oiseaux. Le directeur du centre LPO nous parle ainsi des pigeons juvéniles qui sont tombés de leurs nids, ces nids étant plutôt sommaires pour cette espèce.
"De plus, si on prend l'exemple des chênes qui sont reconnus comme 'des arbres maison' pour ces oiseaux, car un habitat privilégié pour de multiples espèces, ils ont été très nombreux à être endommagés ou déracinés", ajoute-t-il.
Ne pas couper les arbres sans raison
En fin d'interview, le spécialiste nous demande de faire passer le message suivant. La LPO a reçu plusieurs appels d'élagueurs ayant été contactés ces derniers jours par des particuliers qui les sollicitent pour couper certains de leurs arbres par prévention afin qu'ils ne tombent pas lors des prochains coups de vent. "Attention, alerte Romain Morinière, il est préférable de faire faire un diagnostic avant de couper un arbre, car il n'y a aucune raison d'abattre un arbre sain qui est aussi un habitat important pour les oiseaux".
La conduite à tenir en présence d'un animal blessé
La LPO précise que si vous trouvez un oiseau en détresse ou blessés et uniquement dans ces cas-là, vous pouvez le recueillir délicatement et appeler le plus rapidement possible un centre de soins. Que ce soit celui de la LPO à l'Ile Grande (02 96 91 91 40) pour la Bretagne Nord ou pour la Bretagne Sud, celui de l'association PIAFS à Languidic ( 07 88 87 98 32) ou le tout nouveau centre de Sea Shepperd Breizh (07 65 17 22 88) à Kernascléden dans le Morbihan également.