L'économie bretonne a moins souffert de la crise du Covid que d'autres territoires français, selon les derniers chiffres de l'INSEE. Et la reprise qui s’amorce prédit un retour rapide de l’activité au niveau de celui de la fin 2019, prédisent les experts, sauf nouvelles complications sanitaires.
2020 aura été une année particulière pour la planète entière, avec une économie très ralentie voire à l’arrêt pour certains secteurs. La Bretagne n’a bien sûr pas échappé à cette crise du Covid, mais s’en sort globalement mieux que la moyenne nationale.
Les chiffres-clés pour 2020
La Région a perdu 3 800 emplois salariés en 2020. C’est une baisse de 0.3% du nombre d’emplois salariés, mais elle reste bien moindre que celle observée au niveau national (1.1%).
Au premier semestre 2020, 26 500 emplois ont disparu mais 22 700 ont été créés au trimestre suivant. Des chiffres encourageants, signe d’une reprise même si le solde reste négatif sur l’année 2020 (perte de 3 800 emplois).
Dès le début de la crise, les pouvoirs publics ont mis en place des mesures de soutien à l’emploi. Il s’agit par exemple du dispositif d’activité partielle renforcé en 2020. Le recours à l’activité partielle a été massif de mars à mai 2020. Au plus fort de la crise, en avril 2020, 355 000 salariés ont bénéficié du chômage partiel en Bretagne.
Cela représente environ 38 % de l’emploi salarié privé en Bretagne (42 % en France). À partir de juin, le recours au dispositif diminue fortement : il concerne moins de 50 000 salariés de juillet à octobre. Suite à la mise en place du second confinement, il double en novembre, sans retrouver les niveaux enregistrés au printemps.
Le nombre de demandeurs d’emploi
En Bretagne, le nombre d’inscrits à Pôle emploi toute catégorie a augmenté de 3,7 % en 2020, un peu moins qu’au niveau national (+ 4,5 %). La demande d’emploi en Bretagne augmente de 7,6 % en catégorie A (sans activité), alors qu’elle recule de 1,0 % en catégories B et C (avec activité réduite). La hausse de la demande d’emploi totale est plus prononcée en Ille-et-Vilaine (+ 5,7 %) que dans les autres départements : + 2,8 % dans le Finistère et le Morbihan, + 2,6 % dans les Côtes-d’Armor.
Au final le taux de chômage s’établit 6,5 % de la population active bretonne au 4e trimestre 2020 et demeure le plus faible des régions françaises. En France, il s’élève à 8,1 %.
L'agroalimentaire a fonctionné normalement durant les confinements
Si la Bretagne tire bien son épingle du jeu, c’est grâce aux spécificités de son tissu économique. L’agroalimentaire, très présent dans la région, a continué à fonctionner presque normalement durant la crise pour nourrir la population. A titre de comparaison, des secteurs comme l’aéronautique se sont écroulés dans d’autres régions.
La région a aussi bénéficié du pouvoir d'achat de personnes venues se confiner loin des grandes métropoles.
28 200 créations d'entreprises en 2020
Au total 28 200 entreprises ont été créées (+ 3,1 %) en 2020, un niveau record malgré la crise. Les faillites d’entreprises ont, elles, diminué de 38% grâce aux aides de soutien de l’Etat.
Par ailleurs, le contexte mondial de pandémie, qui a affecté les échanges extérieurs, n'a pas épargné la Bretagne. Les exportations en 2020 reculent de 10,5 % par rapport à 2019. Ce recul est moins marqué pour les produits agroalimentaires (– 6 %), premier poste à l’export de la région, mais il est très important dans l’automobile (– 33 %) et les biens d’équipement (– 24 %). Les importations bretonnes se contractent de 9,6 %, en particulier celles en produits pétroliers (– 43 %).
Au final, la reprise semble au rendez-vous avec à nouveau 8 500 entreprises créées au premier trimestre 2021. "Le secteur bancaire n’est pas impacté, l’économie n’a pas été cassée comme en 2008, souligne Sébastien Pons, directeur régional adjoint de l’INSEE. Et les chefs d’entreprise se montrent optimistes dans les dernières enquêtes."
Et de conclure : "Si on sort de la pandémie rapidement, le niveau d’activité de fin 2019 sera atteint dès décembre prochain".