Belle frayeur pour deux surfers, à Crozon, lundi 22 octobre. Couchés à terre après avoir entendu tirer, ils voient retomber les plombs à quelques mètres d'eux. Au bout des fusils : deux chasseurs. Frédéric Habasque, l'un des surfers, ne veut pas lancer un appel à la haine mais alerter l'opinion.
Sur Facebook, Frédéric Habasque est "très en colère". Lundi 22 octobre, il part au petit jour, avec son ami Vincent, de son domicile de Pleurtuit pour aller surfer à la plage de Lostmarc'h, à Crozon.
Une fois les combinaisons passées, les voilà en chemin vers la plage. Ils s'y dirigent en petites foulées, à demi masqués par la végétation. "Nos têtes montent et descendent au rythme de notre course juste au-dessus des landes. "
Soudain, des détonations retentissent. Les deux amis se couchent immédiatement à terre. Une nuée de plombs retombent à une cinquantaine de centimètres d'eux. "J’ai cru qu’on allait s’en prendre, raconte ému le quarantenaire. On a été pris pour cible". Frédéric Habasque n'en revient pas.
C’est bien connu pourtant, le faisan se promène souvent en combinaison de néoprène, une planche de surf sous le bras, justement pour tromper le chasseur !
— Samuel Etienne (@SamuelEtienne) 23 octobre 2018
Malin le faisan !
Et le chasseur ? ... https://t.co/yt3MjjG1PL
À une centaine de mètres de là, il aperçoit deux chasseurs. Il les incendie. Ces derniers se défendent et assurent avoir visé un faisan. Citée par nos confrères de France Bleu Breizh Izel, la société de chasse de Crozon soutient la version des deux chasseurs.
La mésaventure des deux surfers a agité les réseaux sociaux. À midi, le post de Frédéric Habasque a été commenté plus de 300 fois et partagé plus de 1 800 fois. "Incroyable et inadmissible! Je surf là-bas dès que je peux et je vois très bien le petit chemin et les alentours. Bref, j'ai bien visualisé la scène au travers de ton récit, ça fait froid dans le dos! Ce genre de chasseurs ne réalisent vraiment pas les conséquences de ce qu'ils ont dans leurs mains ", s'indigne un internaute.
Il ne s'agirait pas de tirs directs
La gendarmerie a ouvert une enquête. Les deux surfers, eux, n'ont pas porté plainte.
Selon la gendarmerie du Finistère : " Des fusils de chasse en tir tendu ont une portée d'une trentaine de mètres. Ici, les chasseurs étaient à une centaine de mètres. De plus, les surfers ont parlé de plombs qui retombent et non de balles qui sifflent. Il s'agirait donc probablement plus de tirs courbes, qui avaient une autre cible et dont les plombs sont retombés près des deux hommes."
Un reportage de Séverine Breton et Lionel Bonis :
Treize accidents mortels cette saison
Pour la saison 2017-2018, l'Office nationale de la chasse et de la faune sauvage a établi à 113 le nombre de blessés lors d'accident de chasse, le chiffre le plus bas enregistré depuis la mise en place du réseau début 1990. Au total : " Sur les 113 accidents relevés, 13 accidents mortels restent néanmoins à déplorer dont trois concernant des personnes non chasseurs ", recense l'ONCFS.
Après la mort d’un VTTétiste de 23 ans, mi-octobre, à la suite d’un tir de chasseur, les dangers de la chasse avaient été, une nouvelle fois, pointés du doigt.
Des personnalités civiles et politiques avaient évoqué la nécessité de sécuriser cette pratique et l'éventualité d'instaurer des zones de tranquillité.
D'autres ont essayé d'en rire, comme le député LREM Alain Perea, également co-président du groupe d’études Chasse, dans son tweet : " pourquoi ne pas interdire le vtt pendant la chasse ? "
La chasse ne dure que 4 mois par an. Pourquoi ne pas interdire le VTT pendant la Chasse ? #Chasse #RMCLive pic.twitter.com/LBnzyse8GK
— Alain Perea (@PereaAlain) 17 octobre 2018