Filière porcine: la peste porcine africaine sera à double tranchant en 2019

Entre l'explosion de la concurrence, la fermeture du marché chinois en 2018, la peste porcine africaine qui rode en Europe et des acteurs français mal armés qui survivent difficilement, la filière porcine joue gros cette année. Une filière très bretonne, puisque 56% des porcs français sont bretons.

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La Bretagne occupe en effet le 1er rang des treize régions françaises pour la production porcine avec 5 800 exploitations porcines en 2017. "Si on devait être touché (par la peste porcine africaine), cela induirait un déséquilibre du marché européen. Si par contre la situation se stabilise en Europe et que la Chine reprend significativement ses importations, l'Europe pourrait profiter de la situation", résume le rapport FranceAgriMer 2019. "Les éleveurs creusent leur trésorerie, la situation actuelle est tendue", assure  ainsi Didier Delzescaux, le directeur de l'interprofession Inaporc. "Ça va être à quitte ou double".
    

Baisse des prix et chute des exportations en 2018

Les indicateurs économiques dans l'Hexagone n'incitent pas à l'optimisme. Les prix ont perdu 9% et 13 centimes entre 2017 et 2018, pour atteindre 1,37 euro par kg et la balance commerciale des produits porcins se creuse avec un déficit qui est passé dans le même temps de 203 à 267 millions d'euros. L'an passé, la France, 3e producteur européen, a limité ses importations (-2%), majoritairement des produits à valeur ajoutée. Mais ses exportations, essentiellement des matières brutes, ont chuté (-6%). En grande partie parce que la Chine, grand consommateur, a fermé les vannes et fait plonger les cours.
    

Menace de peste porcine en France

Et la peste porcine, si elle n'est pas transmissible à l'homme, accentue la menace pesant sur la France, après être arrivée en Belgique. Fin janvier, la zone blanche dans laquelle sont confinés les sangliers avant d'être abattus pour contenir l'épidémie a été étendue à 141 km2 dans la Meuse et les Ardennes. En parallèle, les États concernés peinent également à faire accepter un principe de "régionalisation", qui pénaliserait la production d'une zone définie et non celle d'un pays entier. "Le virus est partout en Chine, assure ainsi M. Delzescaux. Ils n'ont pas su gérer sa propagation. Et le porc chez eux, c'est comme l'essence chez nous: c'est socialement sensible. Si la Chine reprend les achats, la situation peut être plus équilibrée fin 2019".
    

 100 000 emplois directs et indirects impactés


"Mais on est aussi touchés, contre-balance Boris Duflot, chef économiste de l'Institut du Porc (IFIP). En Belgique, les prix ont décroché de 10-15 centimes au kilo. Si un cas était identifié en France, on perdrait probablement encore 20 centimes au kilo""Ce serait une catastrophe, redoute même la Fédération nationale porcine (FNP). Des pays fermeraient leur portes et c'est 250.000 tonnes françaises qu'il faudrait réorienter, soit 16% de la production annuelle. Les cours décrocheraient complètement." Une menace pour les 100.000 emplois directs et indirects de la filière.
    

Des solutions pour diversifier la production


Les différences avec ses voisins liées aux coûts de main d'oeuvre, aux niveaux de TVA, aux contraintes environnementales s'estompent mais cette viande conserve une image moins valorisante que le boeuf ou la volaille, selon l'économiste. "Il faut trouver d'autres solutions pour diversifier la production", lance la FNP. La montée en gamme en est une mais le coût de production est de 4 euros le kilo et, avec 0,5% de bio et 4% de Label Rouge en France, "on est sûrement un peu à la traine", reconnait le patron d'Inaporc.  "Ce n'est pas évident d'exploiter en bio toute la carcasse. On ne va pas augmenter la production bio pour faire plaisir au grand public, il faut trouver des équilibres  économiques. On a affiché 5% de bio à objectif 2022 et je ne sais même pas si on y arrivera", ajoute-t-il.
    

Retard de 3 milliards d'euros d'investissement


Pour Boris Duflot, la filière doit mieux "contractualiser" les relations entre producteurs et grande distribution afin d'assurer des seuils de rémunération. Si la démarche se met progressivement en place "c'est encore beaucoup de com' pour l'instant", regrette-t-il toutefois. Enfin, l'élevage français, dont le visage est traditionnellement familial et de taille modeste, ne pourra pas éviter un lifting coûteux car sa modernisation est impérative. "En 2015, l'Ifip a calculé qu'on avait accumulé en 15 ans un retard d'investissement de  trois milliards d'euros", souligne la FNP. Trois milliards d'euros, le chiffre d'affaires annuel de la filière.

 
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