L'aéronavale s'entraîne en symbiose avec l'US Navy en Virginie

Missions d'interventions, d'assaut, de défense, tirs, ravitaillements en vol : les pilotes de l'aéronavale française s'entraînent depuis un mois aux Etats-Unis en symbiose avec l'aéronavale américaine, une opération d'une envergure inédite qui renforce la coopération militaire entre les deux pays.


Dans un bruit assourdissant, les F18 américains et les Rafale français décollent tour à tour de la base aéronavale d'Oceana, près de Norfolk, à 300 km au sud de Washington sous les yeux du capitaine de Corvette Arnaud, commandant en second de la flottille 17F de la Marine nationale.

Pour pallier l'absence du Charles-de-Gaulle

"Le porte-avion, il faut le pratiquer, et tous les stratagèmes sont bons", observe ce jeune officier basé d'ordinaire à Landivisiau, dans le Finistère, qui est identifié seulement par son prénom pour des raisons de sécurité. Les marins de l'aéronavale ne peuvent en effet plus s'entraîner à apponter sur un porte-avion et en être catapultés depuis le lancement du chantier de rénovation majeure de l'unique porte-avions français, le Charles-de-Gaulle, début 2017.

C'est pour qu'ils conservent leurs compétences que 350 marins français, dont 27 pilotes de chasse, ont été accueillis par leurs confrères américains à l'embouchure de la baie de Chesapeake depuis le 3 avril.


L'US Navy leur a prêté un hangar où ils peuvent entretenir leurs Rafale entre deux exercices, qu'il effectuent de jour comme de nuit avec leurs confrères américains: appontages simulés sur pistes, attaques simulées contre des F18 américains (et vice-versa), appui aérien de troupes au sol, pénétration à basse altitude, ravitaillement en vol de F-18 par le Rafale, tirs balistiques...

Après les essais à terre, les exercices rentreront dans le vif du sujet à partir du 8 mai à bord du porte-avion américain USS George H.W. Bush, ce que pilotes français comme américains attendent avec impatience, explique le commandant du groupe aérien embarqué N°8 de l'US Navy, le capitaine de vaisseau Jim McCall.

Créer une "familiarité" entre militaires

Il est en effet très rare que des appareils français appontent sur un porte-avion américain et que des exercices conjoints aussi approfondis soient menés. La dernière fois, c'était en 2008, lors du premier arrêt technique majeur du Charles-de-Gaulle pour entretien.

"Ce que nous avons eu jusqu'à présent, c'est l'apéritif", dit avec gourmandise l'officier américain qui se prépare à embarquer à bord de l'USS Bush avec la moitié de ses avions pour faire place aux appareils français.

Outre les 27 pilotes français et leurs 12 Rafale, le porte-avion américain accueillera des marins représentant tout le personnel qui participe habituellement aux opérations du Charles-de-Gaulle : préparateurs de missions, mécaniciens, personnel du pont d'envol etc. Lui-même pilote, Jim McCall considère cette coopération étroite, qui lui permet de mieux comprendre comment les Français opèrent et manient leurs appareils, comme "l'occasion d'une vie".

En accueillant l'aéronavale française sur leur porte-avions, les militaires américains veulent surtout renforcer l'interopérabilité des deux forces, déjà très proches puisque tous les pilotes de l'aéronavale française sont historiquement formés aux Etats-Unis et que la France est le seul pays au monde à disposer d'un porte-avion utilisant les mêmes techniques d'appontage et de décollage que l'US Navy.

Ils veulent aussi donner aux deux armées plus d'options en cas d'opérations militaires : s'entraîner pendant deux mois ensemble au quotidien, au sol comme en mer, créer une "familiarité" entre militaires qui leur permet plus d'efficacité au combat, explique l'officier américain. Or "familiarité signifie flexibilité, et flexibilité signifie des options de combats supplémentaires" à l'état-major, souligne-t-il alors que la France et les Etats-Unis participent à plusieurs opérations internationales dans le monde, notamment en Irak et Syrie.

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