La Cour de justice a décidé de juger Edouard Balladur dans l'affaire Karachi. Interviewé au débotté en 2009 sur d'éventuelles rétrocommissions susceptibles d'avoir alimenté sa campagne de 1995, l'ancien premier ministre nous avait alors affirmé "qu’à sa connaissance tout était régulier"
Ils travaillaient à la construction de sous-marins, vendus au Pakistan sous le gouvernement Balladur en 1994. Deux finistériens faisaient partie des victimes
Lundi, la Cour de justice a décidé de juger l’ancien premier ministre et son ministre de la défense de l’époque Francois Léotard.
Les deux hommes sont renvoyés pour "complicités d'abus de biens sociaux" et, pour Edouard Balladur, recel de ces délits, dans cette affaire de possible financement occulte de sa campagne présidentielle de 1995, via des rétrocommissions.
M. Léotard est accusé d'avoir mis en place un "circuit opaque" au cœur des contrats d'armements signés sous le gouvernement Balladur.
Edouard Balladur se voit reprocher d'avoir "donné des instructions tendant à ce que le ministre du Budget consente à ce que l'Etat donne sa garantie à des contrats déficitaires ou sous-financés" à cause notamment de commissions douteuses, selon le communiqué.
L’ancien premier ministre sera jugé également pour recel de ces abus. "En particulier pour avoir pu ainsi financer sa campagne électorale de 1995, notamment grâce à des espèces à hauteur de 10.250.000 francs, susceptibles de provenir de rétro-commissions sur ces marchés".
Interviewé par France 3 Bretagne sur la question en 2009, alors qu’il était à Rennes pour évoquer la réforme des collectivités, Edouard Balladur avait affirmé "qu'à sa connaissance tout était régulier..."
L'enquête antiterroriste a exploré depuis 2009 la thèse - non confirmée – des représailles à la décision de Jacques Chirac, tombeur d'Edouard Balladur à la présidentielle, d'arrêter le versement de commissions dans ces contrats après son élection.
En creusant cette hypothèse, les magistrats avaient acquis la conviction que les comptes de campagne de M. Balladur, pourtant validés, avaient été en partie financés par des rétrocommissions - illégales -, à hauteur de 13 millions de francs (près de 2 millions d'euros), en marge des contrats de sous-marins au Pakistan et de frégates à l'Arabie Saoudite (Sawari II).