2221,88 euros, c'est en moyenne ce qu'un étudiant de Bretagne occidentale va devoir débourser pour la rentrée. Soit près de 3 % de plus qu'en 2021. Un calcul opéré par la Fédé B, une association étudiante, à partir des frais universitaires et de la vie courante. L'inflation frappe les étudiants de plein fouet dont certains se trouvent déjà dans une grande précarité.
La précarité. Charlotte dit s'y être habituée depuis qu'elle a entamé ses études à Brest, voilà maintenant 5 ans. "Je réfléchis plus à comment je vais me nourrir qu'à mes examens" confie-t-elle. Avec 200 euros par mois, elle passe ses deux premières années de fac au régime sandwich, midi et soir. "Heureusement qu'il y a eu ensuite les repas à un euro au restaurant universitaire, ça m'a beaucoup aidé".
Bas de l'échelle
Mener de front études et petits boulots, impossible pour cette jeune fille confrontée à des problèmes de santé. Charlotte livre sa situation d'une voix douce, posée. Elle n'est pas issue d'un milieu défavorisé mais les revenus de ses parents, aujourd'hui en invalidité, ne sont pas suffisamment élevés pour qu'ils puissent subvenir à ses besoins. Et ils sont trop importants au regard du système boursier, la plaçant au bas de l'échelle des aides.
Un système que la Fédé B, la fédération des associations étudiantes de Bretagne occidentale, pointe du doigt. "On aimerait que le montant des bourses soit calculé sur les revenus propres des étudiants et non plus sur les revenus des parents, explique sa présidente Estelle Blouch. Ce qui permettrait à chacun d'avoir des ressources et de ne pas sombrer dans cette précarité sur laquelle nous alertons depuis de longues années".
Une rentrée universitaire plus chère
Charlotte envisage la rentrée comme "un nouveau challenge". Car elle n'est évidemment pas gratuite. Son coût a même augmenté. L'inflation est passée par là, renforçant la précarité étudiante. "Elle a forcément un impact sur les loyers, le transport, l'alimentation, etc, remarque Estelle Blouch. Or, les aides comme les bourses ou les APL ne suivent pas cette inflation qui dépasse les 6 %. Ce qui creuse encore l'écart pour vivre dignement".
Un étudiant non boursier de 20 ans, ayant son propre logement, devra payer en moyenne 2221,88 euros pour faire sa rentrée à Brest, Quimper, Morlaix, Lannion, Vannes, Lorient et Saint-Brieuc en septembre prochain. C'est le résultat d'une étude menée par la Fédé B qui passe au crible les frais spécifiques à la rentrée universitaire et les frais de vie courante dans les sept villes qui composent la Bretagne occidentale.
L'indicateur publié ce 17 août par l'association est sans appel et montre une hausse de 2,92 % par rapport à 2021. "dépense considérable que les étudiants vont devoir financer en utilisant leurs économies, en faisant des prêts ou encore en abandonnant certains postes de dépenses, dans le but d’économiser" précise la présidente de la Fédé B.
C'est à Vannes que la rentrée sera la plus onéreuse : 2305,95 euros, soit une augmentation de 4,15 %. "Principalement due à la hausse du prix des loyers et des charges locatives qui augmentent de 14,53%".
Pas le choix
Avec une hausse de 10,42 %, l'alimentation va également peser lourd dans le budget des étudiants. Tout comme l'achat de matériel pédagogique (+15,82 %).
Face à ces augmentations, les étudiants n'ont pas d'autre choix que de faire des choix. "Les loisirs, la culture passent à la trappe, constate Estelle Blouch. Dans ces conditions, s'intégrer et avoir une vie sociale, déjà bien malmenée par les deux années de crise sanitaire, c'est compliqué".
L'association rappelle également qu'un étudiant sur deux travaille. "Ce qui n'est pas une solution car, souvent, c'est la réussite universitaire qui passe au second plan". Déborah, étudiante en 3e année de chimie à Brest, cumule études et travail. "Sinon je n'aurais que les bourses pour vivre et ce n'est pas suffisant pour faire face aux dépenses, relate-t-elle. Ce n'est pas toujours simple de s'organiser. On travaille souvent le week-end qui est censé être un temps de repos. Il y a certains moments, j'aurais préféré ne pas travailler, notamment pendant mes partiels".
Plus globalement, la Fédé B demande que "les politiques publiques soient à la hauteur de l'enjeu. Obliger les étudiants à s'endetter dès leur entrée dans l'enseignement supérieur n'est pas de bon augure pour leur arrivée à terme sur le marché du travail" souligne l'association qui, depuis sa création il y a 30 ans, ne se contente pas de pointer les problématiques, mais proposent aussi des solutions.