Le couturier-parfumeur Paco Rabanne est décédé à l'âge de 88 ans, dans le Finistère, apprend-on ce vendredi 3 février 2023. Il s'était installé à Ploudalmézeau-Portsall il y a 20 ans. "Son petit coin de paradis" disait celui qui avait posé les pieds sur le sol breton pour la première fois en 1938, quand sa famille avait fui l'Espagne franquiste.
Paco Rabanne est décédé à l'âge de 88 ans, à Ploudalmézeau-Portsall, dans ce coin du nord-Finistère où il vivait depuis vingt ans. Le groupe catalan Puig, qui possède la marque portant son nom, confirme l'information révélée par Le Télégramme et dit "sa profonde tristesse" dans un communiqué.
Le couturier, dont la vision avant-gardiste et créative a marqué le monde de la mode, a découvert la Bretagne à 4 ans, après avoir fui l'Espagne franquiste en 1938. C'est à Ploujean, près de Morlaix, que la famille s'installe. Et c'est à Ploudalmézeau-Portsall qu'il reviendra quand il se mettra en retrait de la haute couture.
"L'art de mettre les gens à l'aise"
S'il en est une qui se souvient de l'arrivée de Paco Rabanne dans le village, c'est bien Marguerite Lamour. "J'étais une toute jeune maire, à l'époque, relate-t-elle. Je me suis retrouvée face à cet homme, connu du monde entier, qui venait d'acheter une maison et m'avait contactée car il souhaitait y faire des travaux". L'élue dit de lui qu'il était "d'une grande simplicité. La première fois où l'on s'est rencontré, on a discuté à bâtons rompus. Il m'a confié son attachement à son pays d'origine. On a parlé de parfums évidemment et de sa jeunesse. Il se rappelait d'où il venait, il ne jouait pas les stars et avait l'art de mettre les gens à l'aise".
Loin du tourbillon parisien de la mode, Paco Rabanne avait trouvé dans cette maison face à la mer son "petit coin de paradis", ainsi qu'il le confiait lors d'un reportage réalisé par France 3 Bretagne en 2013. "Le paradis, soulignait-il, parce que je connais toute la planète entière. 45 ans de tour du monde constant et je voulais pour finir ma vie trouver l'endroit le plus calme, le plus beau et le plus isolé. Et je l'ai trouvé ici".
Paco Rabane a été, très jeune, initié par sa grand-mère aux forces telluriques. "Quand ma grand-mère existait et que j'étais avec elle, à Ploujean, expliquait-il, elle m'obligeait à marcher pieds nus sur la lande bretonne et me disait de trouver les courants telluriques".
Surnommé le "Nostradamus de la mode" pour ses prédictions farfelues, le couturier-parfumeur a toujours versé dans l'ésotérisme. "On avait blagué sur sa prophétie de la fin du monde, se souvient Marguerite Lamour. Il m'avait dit : 'oui, bon, je me suis trompé'. On en avait ri".
Excentrique, extravagant, celui que Coco Chanel avait qualifié de "métallurgiste de la mode", pour avoir introduit des matériaux industriels dans ses collections, s'est éteint chez lui. Dans cette maison battue par les vents où il passait son temps à observer la nature. Facétieux, il affirmait, sans ciller, être sur terre depuis 78.000 ans.