"On sera tous ensemble dans la lutte jusqu'à la fin !". Dockers et travailleurs portuaires de Brest promettent de multiplier les actions "ports morts" comme celle menée ce mercredi dans plusieurs ports de France, jusqu'au retrait de la réforme des retraites.
Une cinquantaine de grévistes, chasubles rouges et vestes jaune fluo, se réchauffent autour de braseros alimentés par des palettes de bois, tandis qu'un camion sono fait retentir la bande-son de "Pulp Fiction", sous une pluie battante.
Il est à peine 11h30 et quelques travailleurs portuaires, mobilisés depuis 05h30 du matin, préparent déjà le barbecue tandis que d'autres s'abritent dans des conteneurs.
" Aujourd'hui, c'est tous les ports de France qui sont à l'arrêt. C'est la solidarité qui prime et on sait très bien que l'union fait la force. Et on sera tous ensemble solidaires dans la lutte. Jusqu'à la fin", assène Yoann Iguer, secrétaire général CGT des dockers de Brest.
Les ports de Marseille-Fos, du Havre et de Rouen étaient également bloqués mercredi par une opération "ports morts" contre le projet de réforme des retraites du gouvernement.
À Brest, toutes les entrées et sorties de marchandises étaient à l'arrêt, ainsi que l'activité des chantiers de réparation navale. Le port de Brest est le lieu de transit de nombreuses matières premières agricoles: graines de colza, tourteaux de soja et de tournesol, etc.
On est capable d'amplifier le mouvement jusqu'à un arrêt total
Yoann Iguer
Le travail devrait reprendre jeudi mais s'il y a un appel " à deux jours la semaine prochaine on ira deux jours, ou trois jours: on est capable d'amplifier le mouvement jusqu'à un arrêt total", assure M. Iguer.
" Quand on fait 40 ans de carrière avec des horaires décalés, à porter des charges lourdes, c'est pas comme quelqu'un qui est assis derrière un bureau toute la journée", décrit le docker pour expliquer la mobilisation. " Nous, on est vraiment sur le terrain avec les intempéries. On est dépendants de l'arrivée des bateaux. Dès qu'un bateau arrive, faut aller travailler".
Même détermination chez Sébastien Léon, délégué syndical CGT pour la société portuaire Brest Bretagne (SPBB), qui en est à son huitième jour de grève depuis le début du mouvement.
" Il n'y a pas une grue qui tourne sur le port. Il y a 100% de grévistes. On est déterminés. On le ferait pas si on n'y croyait pas, vu le pognon qu'on perd. On va aller jusqu'au bout, jusqu'au retrait" assure-t-il.
Des salariés des chantiers de réparation navale Damen s'étaient également joints au blocage mercredi.
" Nos caisses à outils, elles pèsent 50 kilos. On sera tués par le travail avant (la retraite). On pourrait pas continuer, c'est pas possible", témoigne Romuald L'Hostis, représentant du personnel CGT chez Damen. " Je vais avoir 49 ans et, quand je me lève le matin, j'ai mal partout", ajoute-t-il.
Nos pères et nos grands-pères se sont battus pour des réformes
Yoann Iguer
Son collègue Patrick Landuré, mécanicien chez Damen, prédit une amplification du mouvement si le gouvernement ne recule pas. " Pour l'instant, on est gentils", lâche-t-il.
" S'il faut tenir jour et nuit, on tiendra jour et nuit. La colère portuaire, ça risque de faire mal", ajoute M. L'Hostis.
" On sait se mobiliser, c'est notre ADN", confirme Yoann Iguer. " Docker, c'est un métier de père en fils. Nos pères et nos grands-pères se sont battus pour des réformes. Et nous aussi on se battra".
SG/Antoine Agasse (AFP)