Rencontre. Ces Finistériennes ont les fifties dans la peau. "Nous sommes des pin-up modernes"

La garde-robe de Maëlig, Gwenola et Corinne ressemble à celle d'une femme de l'après-guerre. Les trois Finistériennes vouent une passion pour les années 50, au point d'en avoir fait leur mode de vie. Voyage dans le temps avec des pin-up qui conjuguent glamour et féminisme.

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Quand elle ouvre la porte de son appartement, c'est le souffle d'une autre époque qui vous attrape. "Bienvenue" dit Corinne dans un large sourire carmin. La jeune femme est apprêtée : outre la robe swing à fleurs et les escarpins rouges, les cheveux forment de jolies victory rolls, la coiffure iconique de la seconde guerre mondiale qui rendait hommage aux acrobaties aériennes de l'aviation alliée.

Corinne, comme Gwenola et Maëlig déjà installées dans le salon autour d'une tasse à café (elle aussi rétro), cultive une passion pour les années 40 et 50. Chez elle, la cuisine en formica, le vieux poste TSF et les buffets vintage rappellent d'ailleurs que cet agent des services hospitaliers de Châteaulin en a fait un mode de vie. 

De sa garde-robe à la déco d'intérieur, Corinne a plongé dans l'époque d'après-guerre il y a une dizaine d'années © C.C-A/France Télévisions

Des bigoudis la nuit

S'il y a bien une phrase qui leur hérisse le poil, c'est celle-ci : "ah, il est bien votre déguisement". Les trois Finistériennes ne convoquent pas Bettie Page, Dita Von Teese ou Rita Hayworth pour amuser la galerie. Elles sont ainsi dans leur quotidien. Elles poussent même le détail jusqu'à dormir avec des bigoudis pour se réveiller les mèches bouclées. Un coup de brosse, de la laque. Le geste est rodé, rapide et sculpte la chevelure selon l'humeur du moment.

Elles croisent bien quelques regards interloqués lorsqu'elles se promènent dans les rues, mais elles s'en moquent. Elles sortent du moule. "Il n'y a que quand on va dans les festivals rockabilly ou les défilés de vieilles voitures que l'on passe inaperçues"  relève Gwenola.

Si tout le monde s'habillait comme nous, ça aurait plus de gueule

Gwenola

La blonde platine est tombée dans le chaudron des années 50 très jeune. Gamine, Gwenola regardait avec envie les robes frou-frous portées par les femmes de l'époque, une féminité élégante qui a façonné sa personnalité. Et puis son oncle s'en est mêlé : il l'a initiée au rock'n'roll qu'elle écoute et qu'elle a longtemps dansé avec lui.

"C'est ma vie depuis toujours" confie celle qui a tatoué sa peau dans l'esprit pin-up. Un flamand rose sur le mollet droit. Des cerises sur la poitrine. Un microphone en forme de cupcake sur le bras droit. Une silhouette gironde habille son bras gauche. Un juke-box devrait bientôt rejoindre cette collection déjà bien étoffée.

Le rouge à lèvres et le trait d'eye-liner noir soutenu sont également de mise. Les ongles sont joliment peints. Dans les cheveux, une fleur épinglée, un accessoire dont elle ne se sépare jamais. "Si tout le monde s'habillait comme nous, ça aurait plus de gueule" sourit Gwenola.

Les vieux films en noir et blanc, Marylin, James Dean composent son bestiaire personnel. Sans oublier le légendaire Grease, qui glorifie les années 50 et envahit les écrans, en 1978, quand elle a tout juste 6 ans. "J'ai fait tourner le 33 Tours en boucle, raconte-t-elle. Il doit même être rayé tellement je l'ai écouté".

Gwenola en pleine pose photo. Elle se passionne pour les années 50 et l'esprit rock qui les accompagne depuis son enfance © DR

"Nous ne sommes pas des potiches"

Gwenola se dit parfois qu'elle ne vit pas à la bonne époque. "Je ne suis pas nostalgique, assure-t-elle, puisque je n'ai pas connu les années 50. Mais ça donne envie. Les gens me semblaient plus joyeux, plus festifs, moins prise de tête"

Corinne, elle, nuance. "Pour la mode et la musique, cette époque me plaît. En revanche, pour la condition féminine, pas du tout ".

Nous sommes des pin-up modernes avec des valeurs féministes

Corinne

L'image de la femme cantonnée aux tâches domestiques et à son rôle de mère de famille, ce n'est pas le genre de la maison. "Il ne faut pas oublier que, pendant la seconde guerre mondiale, les femmes ont contribué à l'effort de guerre pour être ensuite reléguées au second plan, voire oubliées" relate Corinne qui ajoute : "Nous sommes des pin-up modernes, avec des valeurs féministes. Nous travaillons, nous sommes indépendantes, nous ne sommes pas des potiches".

La jeune femme de 37 ans a lâché son style "standard" pour le glamour il y a une dizaine d'années. Elle a entraîné Maëlig dans le tourbillon de la mode d'après-guerre à la faveur d'une rencontre devant l'école de leurs enfants. "C'est à cause d'elle si j'en suis là, rigole-t-elle. Plus sérieusement, c'est moi qui l'ai accostée car elle portait toujours des tenues magnifiques. Elle m'a emmenée partout et j'ai sauté le pas"

Viva Las Vegas

Maëlig n'a pas mis longtemps à bousculer sa garde-robe et la décoration intérieure de son appartement, "plutôt années 30". Elle est désormais à la tête de Passion Pin-up 29 qu'elle et ses amies ont décidé de créer en mars 2020. L'association est ouverte aux hommes mais n'en compte, pour l'instant, qu'un seul dans ses rangs. 

"J'adore cette élégance" dit Maëlig qui, elle aussi, a changé son style vestimentaire pour celui des fifties © DR


Les trois pin-up de Châteaulin écument les festivals et autres rassemblements de voitures anciennes en Bretagne. Posent pour des séances photos. Et s'engagent aussi avec leur association. Elles reversent ce que leur rapporte la vente des accessoires de mode qu'elles fabriquent - filets pour les chignons, pinces, broches - à ceux qui en ont besoin.

Dans leurs rêves les plus fous, flotte la carte des Etats-Unis. Une ville en particulier : Las Vegas où, chaque année, se tient l'un des plus gros événements rétro au monde :  Viva Las Vegas"On économise pour y aller en 2023, disent-elles. Ce festival est une référence chez les passionnés de rockabilly, c'est énorme"

Elle s'y voient déjà, dans ce pays qui a vu naître la pin-up : tout d'abord dessinée puis photographiée, cette fille de papier fut tantôt ingénue tantôt conquérante selon les aspirations de la société. Elle nourrit l'imaginaire de celles qui, comme Gwenola, Maëlig et Corinne, dépoussièrent son image et empruntent les codes vestimentaires de l'époque sans jamais se laisser marcher sur les pieds. 

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