Un nouvel outil doté d'intelligence artificielle est en train de se déployer dans le secteur de la santé : l'oreille augmentée des soignants. Mis au point par une start up brestoise, un petit boitier équipé d'un micro intelligent écoute les sons émis dans les chambres des patients et alerte les soignants en cas de besoin.
Prendre soin des 200 résidents de l'Epahd de l'hôpital de Brest nécessite une vigilance permanente du personnel soignant. Les chambres sont équipées de sonnettes d'alarme, mais la plupart des patients ne peuvent pas les activer.
Les soignants reçoivent des alertes
Alors, depuis trois ans, l'établissement teste l'intelligence artificielle avec un petit boitier doté d'un micro, d'une carte wifi et d'un logiciel pour écouter tout ce qui se déroule dans les chambres et envoyer des alertes sur les smartphones des soignants.
"Des résidents vont appeler au secours très souvent, 300 fois par nuits. C'est un "au secours" qui n'a pas la même valeur que le "au secours" du voisin qui n'appelle jamais. Et on a appris à notre intelligence artificielle à distinguer ces deux cas-là avec une reconnaissance, une connaissance de l'ordinaire pour fournir des alertes robustes aux soignants", explique Philippe Roguedas, co-créateur de l'oreille augmentée ARI.
Une start up brestoise à l'origine de cet outil
L'Epahd René Fortin et trois autres centres du CHU de Brest travaillent en partenariat avec la start-up brestoise OSO-AI à la mise au point de cet outil à l'écoute des patients.
"Aujourd'hui, comme 80% d'entre eux ne sont pas en capacité d'alerter, souvent, on organise des tournées pour vérifier que tout va bien dans les chambres. ARI nous permet de savoir, quand ça ne va pas, d'aller voir les patients de façon plus pertinente. Le temps qu'on gagne, c'est du temps de qualité dans l'accompagnement. Plutôt que de passer voir si tout va bien, c'est d'aller au moment où le résident a vraiment besoin, pour des temps d'alerte, mais aussi de confort", précise Béatrice Sorrieul, cadre supérieur de santé Pôle Personnes Âgées CHU Brest.
Déployer ce dispositif dans d'autres services
"Nous ce n'est pas notre métier de savoir qu'est-ce qui est une information utile, c'est bien les soignants qui nous ont montré du doigt ce qui était utile ou non. Avec ces échanges avec les équipes de soignants, on s'est assuré que l'on vendait un service pertinent", conclu Philippe Roguedas.
Sur le port de Brest, une trentaine d'informaticiens travaillent à développer ce logiciel de reconnaissance intelligente des sons. Une récente levée de fond devrait permettre de doubler cet effectif, afin d'adapter ce dispositif aux besoins en pédiatrie, pneumonie ou psychiatrie.