Porte-parole de l'enseigne créée à Landerneau par son père et leader du secteur de la grande distribution, Michel-Edouard Leclerc a un statut très particulier. Il est le "patron le plus aimé des Français", même s'il n'a plus de fonctions exécutives. Aujourd'hui, il facture des prestations de conseil à E.Leclerc.
Michel-Edouard Leclerc, 72 ans, a quitté depuis plusieurs années la présidence de l'association qui pilote la stratégie de l'enseigne portant le nom de sa famille. Il n'a d'ailleurs jamais dirigé un des plus de 700 magasins sous cette marque qui rassemble des patrons indépendants.
Mais il lui est considéré comme le patron du leader du secteur de la grande distribution, qui truste près du quart du marché français.
Dans les faits, son rôle s'approche davantage de celui d'un super porte-parole de la marque Leclerc. Il est omniprésent dans les médias depuis des décennies, capable d'argumenter sur n'importe quel sujet ou presque. Mais reste beaucoup plus discret sur sa rémunération.
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Alors que la direction de Carrefour doit ces dernières années justifier la rémunération de son patron Alexandre Bompard - 9 millions d'euros par an tout compris, selon les syndicats, un chiffre démenti par la direction - face aux critiques des syndicats et plus récemment des actionnaires, les revenus de Michel-Edouard Leclerc ne font pas l'objet de polémique. Son enseigne, non cotée en Bourse, n'est pas soumise aux mêmes règles de transparence.
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Michel-Edouard Leclerc, l'influenceur
Le schéma de rémunération de 'MEL', son surnom dans le secteur, se dessine - un peu - dans les comptes déposés au tribunal de commerce de Paris par de petites sociétés portant ses initiales.
MEL SDC (pour Michel-Edouard Leclerc stratégie développement communication, indique l'intéressé), société dont l'activité est le "conseil en stratégie, communication, image, marketing et relations publiques", déclare depuis 2015 un chiffre d'affaires d'environ 5,4 millions d'euros, très stable comme le relevait en avril le magazine Challenges.
Elle facture des prestations à travers lesquelles Michel-Edouard Leclerc "joue le rôle d'influenceur, de fédérateur, d'animateur du réseau et bien sûr le représentant de l'enseigne auprès des institutions, de la presse et du public", a-t-il indiqué dans un message à l'AFP. La rentabilité de l'activité de MEL SDC est excellente, puisque le résultat net s'établit pour 2023 à 2,5 millions d'euros.
Michel-Edouard Leclerc, le collectionneur
Cette somme a en grande majorité été remontée sous forme de dividende à une autre entité installée à la même adresse, MEL Usines. Lors des deux derniers exercices, cette dernière a elle-même versé à son actionnaire unique, Michel-Edouard Leclerc, 1,5 million d'euros de dividendes annuels.
Au 30 juin 2023, MEL Usines disposait en outre d'une confortable réserve de 13,66 millions d'euros, selon sa documentation financière déposée en février dernier au greffe du tribunal de commerce.
Y est aussi indiqué que MEL Usines a versé à une autre filiale, MEL Compagnie des arts, "une subvention d'équilibre d'un montant de 332.000 euros". Cette dernière société, qui réalise des "ventes d'estampes, de livres et d'oeuvres d'art", effectue aussi des "acquisitions d'oeuvres d'art", financées "intégralement par apport en compte courant" de l'associé unique.
Michel-Edouard Leclerc est en effet un grand lecteur et grand collectionneur d'art, notamment de bandes dessinées. Il déclare avoir "investi dans des activités d'édition" depuis 10 ans "avec le soutien d'artistes" connus "dans les manifestations parrainées par les espaces culturels E.Leclerc". Les ventes réalisées par MEL Compagnie des arts se sont élevées à 276.000 euros entre juillet 2022 et juin 2023 (+23% sur un an).
Une collection de planches de bandes dessinées et de boîtes de sardines, mais ni jet ni bateau
Michel-Edouard Leclerc
"Le total de l'actif de cette société est constitué d'immobilisations, de mobiliers et d'un stock de livres, d'estampes et de dessins" de grands artistes internationaux, précise le dirigeant.
Vendre l'ensemble pourrait rapporter "une dizaine de millions d'euros", estime encore Michel-Edouard Leclerc, qui revendique par ailleurs un patrimoine immobilier "imposable à l'IFI de l'ordre de 5 millions d'euros" en 2023, "une collection de planches de bandes dessinées et de boîtes de sardines" mais "ni jet ni bateaux", malgré sa passion pour la voile.
(Avec AFP)