Il aura fallu quatre ans à cet enseignant pour obtenir justice. Un parent d'élève gendarme dont le fils s'était fait exclure de son collège, l'avait verbalisé pour un acte qu'il n'a jamais commis. Aujourd'hui il témoigne.
Au printemps 2011, un garçon de 13 ans est exclu du collège de Kerzourat à Landivisiau pour avoir enfreint le règlement intérieur plusieurs fois. Trois jours plus tard, le père du collégien qui est gendarme, dresse un procès verbal au professeur de son fils. Ce PV l'accuse d'avoir grillé un stop au centre-ville de Landivisiau.
Le professeur reçoit le PV trois mois plus tard. Il sait parfaitement qu'il faisait du vélo ce jour-là avec un ami du coté de Guimiliau. Il fait donc le rapprochement avec l'exclusion de son élève. Aucun doute : il s'agit d'une vengeance. Le père est gendarme et abuse de son pouvoir. Alors il va tenter de le raisonner pour qu'il retire le PV; vainement.
L'enseignant veut porter plainte mais les gendarmes refusent de la recevoir
L'enseignant finit par déposer plainte auprès du procureur de la République.
" c'est très compliqué ! La parole d'un quidam français, d'un citoyen ordinaire ne pèse pas lourd par rapport à celle d'un gendarme assermenté... C'est une procédure très longue, il faut connaître tous les rouages du système...
il faut faire attention à tous les mots que vous employez."
Que pèse la parole d'un citoyen contre celle d'un gendarme assermenté ?
Finalement la brigade de recherche de Brest mène l'enquête et finit par obtenir les aveux du gendarme. Convoqué au Tribunal de Brest le 18 juin dernier, il ne se présente pas. Pourtant il aurait encore pu n'écoper que d'une peine de trois mois de prison avec sursis.
Le 1er septembre dernier le gendarme a enfin reconnu son intention de vengeance et sa culpabilité devant le Tribunal. Les juges l'ont condamné à 2 ans de prison avec sursis et à verser 2400 euros à la victime. Une enquête de l'inspection des services est en cours, le militaire encoure une radiation définitive de la gendarmerie.
