Fraude au Pôle Emploi de Morlaix (Finistère). Une employée de l'agence est suspectée d'avoir détourné 414.000 € à son bénéfice. Elle est poursuivie pour escroqueries.
Cette employée, de longue date, de l'agence Pôle Emploi de Morlaix avait mis en place un stratagème simple mais astucieux, de manière à ne pas éveiller les soupçons.
Une dizaine d'allocataires fantômes
Elle avait créé au moins une dizaine de fichiers de faux demandeurs d'emploi, ouvrant droit à des allocations chômage. Chaque mois, les indemnités étaient versées sur les comptes de ces bénéficiaires fantômes, "de petites sommes", selon le Procureur de la République de Brest. L'argent arrivait ensuite sur le compte des enfants de la suspecte, sans pour autant que ceux-ci soient au courant, avant de tomber, in fine, sur le compte personnel de l'employée."Il s'agit d'un mécanisme très simple, qui pose question au sujet du contrôle des ouvertures de droit de la part de Pôle Emploi", commente une source proche de l'enquête.
Le manège aurait duré 4 ans
414 000 € auraient ainsi été détournés. Le manège aurait duré quatre ans, de janvier 2011 à juillet 2015, avant que ces agissements ne soient découverts .Un acte isolé
C'est une enquête interne à Pôle Emploi, diligentée par la direction nationale dédiée à la détection des fraudes, qui a permis de lever le lièvre et a amené la direction a porté plainte, en juillet dernier. "Une situation rarissime, en tout cas inédite en Bretagne", selon le directeur régional adjoint de Pôle Emploi Bretagne, Jérôme Giudicelli. Joint ce jeudi par téléphone, ce dernier insiste également sur le fait qu'il s'agissait "d'un acte isolé" n'impliquant aucun autre employé de Pôle Emploi ni à Morlaix ni ailleurs. Toujours selon Pôle Emploi, l'arnaque "n'a en aucun cas porté préjudice à des demandeurs d'emploi en les privant de leurs allocations chômage".
Les faits reconnus
Ce mardi 3 novembre, la police judiciaire de Brest et le Groupe d'intervention Bretagne, basé à Rennes (NDLR: le GIR interveint dès lors qu'il s'agit d'affaires financières), ont placé l'employée en garde à vue au commissariat de Morlaix. Elle a reconnu les faits.Des chaussures, des vêtements...
Selon la même source proche de l'enquête, la suspecte souffrait de problèmes d'achats compulsifs. "Tout l'argent détourné a été dépensé, principalement en chaussures, sacs et vêtements... pas de grandes marques mais en quantité". Un trouble comportemental qui devrait sans doute inciter la défense à demander une expertise quant au profil psychologique de l'employée.L'agent, âgée d'une cinquantaine d'années, a été présentée au Parquet mercredi, à Brest. L'enquête judiciaire close, l'employée est poursuivie pour escroqueries par personne chargée de mission de service public. Libre, elle a été placée sous contrôle judiciaire et est convoquée par au tribunal correctionnel de Brest, le 8 décembre prochain. Elle encoure 7 ans d'emprisonnement et 750.000 euros d'amende.
Une maison saisie
L'un de ses biens, une maison estimée à environ 80.000 € et acquise avant les faits reprochés, a été saisi par la Justice.En outre, l'agent a été licencié de Pôle Emploi en août dernier. Elle n'a plus le droit d'exercer une activité professionnelle similaire en lien avec la manipulation de subventions ou d'argent public.