VIDEO. Finistère. "C'était de l'esclavage moderne". Les ex-salariés sans-papiers d'Aviland devant la justice

Pendant des années, ils ont été embauchés sans contrat ou sous de faux CDI par une société de ramassage de volailles de Landivisiau. 27 anciens travailleurs sans-papiers ont saisi la justice pour "traite d'êtres humains". Ils ont été entendus, ce 15 septembre, par le conseil des prud'hommes de Morlaix.

Mettre des mots sur ce qu'ils ont subi. Ces 27 hommes et femmes originaires d'Afrique ont été employés de manière illégale par Aviland, une société de ramassage de volailles basée à Landivisiau, dans le Finistère, et liquidée depuis mai 2021.

Les anciens salariés sans-papiers ont saisi la justice pour "traite d'êtres humains". Le dossier est sur le bureau du procureur de Brest. Ils ont également été entendus, ce 15 septembre, par le conseil des prud'hommes de Morlaix qui va devoir statuer sur la requalification de leur contrat de travail en CDI, des rappels de salaires, une indemnisation pour travail dissimulé et harcèlement moral.

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Finistère. "C'était de l'esclavage moderne". Les ex-salariés sans-papiers d'Aviland devant la justice ©France 3 Bretagne

"Des moins que rien"

Alioune fait partie des plaignants. Il est arrivé chez Aviland en décembre 2018. "On avait besoin de travailler pour payer notre logement, pour subvenir aux besoins de notre famille, pour manger, pour vivre, dit-il. Ce patron en a profité. Il nous a exploités".

Il pensait avoir entre les mains un vrai contrat de travail, quand il a été embauché, "mais c'était un faux. Il nous avait promis de nous aider à faire les démarches administratives pour obtenir un titre de séjour, il n'a jamais rien fait. On a travaillé dans des conditions indignes. C'était de la maltraitance, ajoute Alioune. De l'esclavage moderne".

Ils ont enchaîné les journées et les nuits, ramassant les volailles dans le Finistère et les départements voisins, pour un salaire dérisoire et encore, quand il était versé. "Je touchais 400 euros par mois, raconte Monique, même 250 parfois. Quand je lui disais 'j'ai travaillé tel jour et tu ne m'as pas payée', il répondait que l'on verrait ça le mois prochain. Et quand le mois prochain arrivait, il disait qu'il n'avait rien à me donner".

Alioune se souvient qu'il dormait debout tellement il était épuisé. "J'avais mal partout, je n'en pouvais plus, relate-t-il. Je disais au patron que ce n'était pas normal de travailler 24h sans se reposer, que j'étais fatigué, que mon corps ne tenait plus. Et lui, il me punissait en ne me donnant plus de travail pendant plusieurs jours alors qu'il savait bien que j'en avais besoin pour payer mon loyer et survivre. Après, on avait peur et on se taisait". Jusqu'au jour où ils ont décidé de briser le silence.

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