Le secrétaire d’Etat chargé de la mer, Hervé Berville a annoncé que l’aide au carburant, de 20 centimes par litre de gazole, qui devait prendre fin le 15 octobre était prolongée jusqu’au 4 décembre. Un tout petit sursis pour la plupart des pêcheurs, une terrible déception pour les armateurs qui possèdent plusieurs navires. Comme les aides sont plafonnées, ils ne touchent plus rien depuis des mois. Ils ont la triste impression d’être les oubliés du plan.
C’est un peu reculer pour mieux sauter. "L’aide 20 centimes par litre de gazole qui devait être stoppée ce 15 octobre est prolongée jusqu’au 4 décembre", a annoncé le secrétaire d’Etat chargé de la mer, Hervé Berville au Guilvinec. "Nous espérons que nous aurons une réponse de l’Europe pour prolonger cette aide dans les prochains mois de 2024", poursuit-il.
"Nous espérons"… les pêcheurs en sont restés un peu sur leur faim. 15 octobre, 4 décembre… c 'est mieux, mais ce n’est quelques jours de plus !
"C’est du court terme" , regrette Stéphane Pochic de l’Armement Pochic.
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Crise de la pêche, crise du carburant ?
Devant les acteurs de la filière, le secrétaire d’Etat avait d’ailleurs commencé par insister. "Toutes les crises de la pêche sont des crises du carburant. Le plan de transition énergétique marine est indispensable, il faut l’engager dès maintenant. C’est en réduisant notre dépendance aux énergies fossiles que l’on pourra retrouver une situation saine."
Mais la priorité, c’était donc le 15 octobre, ce dimanche. Les pêcheurs menaçaient de rester à quai. "Le prolongement des aides, c'est la réponse à l'urgence" reconnait Hervé Berville.
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Il y a urgences et urgences !
Mais toutes les urgences ne sont pas traitées. Le cas des armateurs qui possèdent plusieurs navires n’est pas réglé. Les aides au carburant sont plafonnées à 330 000 euros. "C’est la réglementation communautaire, explique Olivier Le Nézet, le président du Comité national des pêches. Mais cela génère une iniquité de traitement. Une entreprise qui a 10 bateaux consomme évidemment plus de carburant qu’une entreprise qui en possède un seul, mais elles ont la même enveloppe d'aides."
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L’Armement Bigouden, 9 chalutiers, 70 marins, a consommé toute son enveloppe depuis belle lurette. "Cela fait des mois qu’on ne touche plus d’aides, constate Christophe Collin, et sans ces aides, nos entreprises sont en grosse difficulté."
La colonne vertébrale des criées de Cornouaille
A eux seuls, les quatre armements du Pays Bigouden débarquent 14 000 tonnes de poissons. "Nous sommes la colonne vertébrale des criées cornouaillaises", affirme Christophe Collin.
"Les gros armements c’est 95% de l’apport hauturier, renchérit Ludovic Le Lay, directeur de l'Armement Hent ar bugale. Il faut en prendre conscience avant que tout périclite."
"Les bateaux sont à l’équilibre quand le gazole tourne autour de 60 centimes par litre, là, dans le port du Guilvinec, il est à 80- 85 centimes."
Si demain, on veut manger du poisson chinois, on n’a qu’à continuer comme ça
Ludovic Le Lay, Armement Hent ar bugale
"Pour apporter du poisson à l’ensemble du marché français, on a besoin de la pêche hauturière. Si demain, on veut manger du poisson chinois, on n’a qu’à continuer comme ça," s’agace l’armateur.
Avec le plan de sortie de flotte, 20 chalutiers ont déjà disparu du quartier maritime du Guilvinec. "La filière pêche, rappelle-t-il, c’est 10 000 emplois".
Le secrétaire d’Etat a d’ailleurs annoncé un plan de soutien de 12 millions d’euros pour accompagner le mareyage et un plan de rebond de 10 millions pour accompagner les communes dans cette période difficile.
(avec Claire Louet)