Finistère. A Tréguennec, un gisement de lithium sur une zone protégée du littoral cristallise les inquiétudes

Le sous-sol de Tréguennec, dans le Finistère, recèlerait un important gisement de lithium. Alors quand la ministre de la Transition écologique affirme que "la France doit extraire ce métal blanc sur son territoire", l'inquiétude monte dans le Pays Bigouden. "Pas question d'avoir une exploitation minière ici" rétorquent élus et habitants, même si ce projet n'est pas d'actualité. Le site concerné est au coeur d'une zone où la biodiversité est protégée.

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Il a suffi d'une petite phrase prononcée par la ministre de la Transition écologique pour allumer la mèche du côté du Pays Bigouden. Interrogée par Les Echos, le 17 févier dernier, Barbara Pompili affirme que "la France doit extraire du lithium sur son territoire".

Or, du lithium, selon un rapport du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM), il y en aurait 66.000 tonnes dans le sous-sol de Tréguennec, très précisément sous le site classé Natura 2000 de Prat-ar-Hastel et géré par le Conservatoire du littoral. Il s'agirait de la deuxième plus importante ressource de France. 

"Etre en position de réagir"

Dans cette commune du Finistère, récemment visitée par la secrétaire d'Etat à la biodiversité Bérengère Abba qui elle non plus n'exclut rien, l'inquiétude est montée d'un cran, même si aucun projet d'exploitation minière n'est à l'ordre du jour. Toutefois, les Bigoudens ont décidé de se mobiliser sous la bannière "Lithium à Tréguennec ? Non merci !".

Pour l'heure, la mobilisation se déroule surtout sur les réseaux sociaux. Un groupe Facebook a été créé, à l'initiative de Stéphane Le Garrec. Cet habitant de Plonéour-Lanvern, une bourgade voisine, préfère "anticiper et être en position de réagir, plutôt qu'attendre que cela nous tombe dessus" explique-t-il.

Les mines de lithium, c'est de la destruction à l'état pur. On se demande même comment cela peut être envisagé à Tréguennec

Stéphane Le Garrec

Selon le fondateur du groupe, qui rassemble déjà en à peine quatre jours d'existence plus de 5.700 personnes, "les gens, ici, sont sensibles à ce qui peut toucher à leur cadre de vie et à l'environnement". Et de citer, pour mémoire, la lutte contre l'implantation d'une centrale nucléaire à Plogoff il y a tout juste quarante ans. "On a volontairement fait le parallèle avec Plogoff, souligne Stéphane Le Garrec. Les mines de lithium, c'est de la destruction à l'état pur. On se demande même comment cela peut être envisagé à Tréguennec".
Qui plus est en baie d'Audierne devenue la 51e zone humide française d'intérêt international en septembre 2021. Ce coin de Bretagne a obtenu le label Ramsar qui récompense les sites qui ont su préserver et conserver les zones humides et, avec elles, la biodiversité.

Lors de sa session de décembre dernier, le Conseil régional a également retenu la candidature bigoudène pour la création d'une réserve naturelle régionale baptisée Dunes et paluds bigoudènes, considérant qu'elle abrite "plus d'un millier d'espèces, dont 25 espèces oiseaux prioritaires, ainsi que de nombreuses espèces végétales inféodées aux habitats présents".

"Tréguennec et le Pays Bigouden ne sont pas à vendre"

Le gisement de lithium de Tréguennec se trouverait à 130 mètres sous terre sur un peu plus d'un kilomètre, dans une carrière aujourd'hui abandonnée et noyée d'eau, à quelques encablures de l'ancienne usine de concassage de galets aménagée par les Allemands durant la Seconde guerre mondiale. 

66.000 tonnes de ce métal blanc (et rare) qui vaut de l'or, de quoi susciter l'appât du gain, sachant que la tonne de lithium avoisinait, au 1er janvier 2022, les 45.000 euros (elle chiffrait à 6.500 euros un an plus tôt). 
Contacté par téléphone, le maire de Tréguennec explique qu'il s'est longuement exprimé sur le sujet et qu'il ne souhaite plus le faire. Dans un entretien donné à Ouest-France début février, il affirme clairement: "Tréguennec et le Pays Bigouden ne sont pas à vendre. Pas même pour tout l'or blanc du monde. Il n'y aura pas de mine d'extraction ici".

Le dossier sur la table de la Région

Le dossier sera mis sur la table de la prochaine assemblée plénière de la Région Bretagne ce 24 février, à la faveur d'une question orale posée par les élus du groupe "Breizh a-gleiz, autonomie, écologie, territoires".  "Le sens de cette question est claire, indique son rapporteur Christian Guyonvarc'h, dans un communiqué. Empêcher toute décision qui tomberait d'en haut et poser les conditions d'un débat réellement démocratique avec les habitants et les élus concernés".

C'est la vice-présidente Delphine Alexandre, en charge de la santé, l'eau et la biodiversité, qui aura pour mission d'y répondre. Et il faudra attendre cette session pour connaître la position de la Région qui précise ne pas vouloir communiquer en amont.

Rassemblement à Tréguennec en pourparlers

"Le lithium, on l'utilise tous, qu'on le veuille ou non, remarque Stéphane Le Garrec, mais ce n'est pas une raison pour accepter sans broncher des mines à ciel ouvert qui sont une catastrophe écologique"
Le métal blanc est l'un des composants des batteries des voitures et appareils électriques. Quatre pays se partagent aujourd'hui la part du gâteau : l'Australie, premier producteur avec 42.000 tonnes par an, le Chili, la Chine et l'Argentine. A eux quatre, ces pays possèdent 82 % des réserves mondiales.

A Tréguennec, la mobilisation pourrait changer de braquet. Un rassemblement devrait avoir lieu ce samedi, de 14 h à 16 h. "Nous sommes en pourparlers avec la mairie, note le porte-parole du collectif bigouden. Nous n'avons pas la prétention de vouloir sauver le monde, nous voulons tirer la sonnette d'alarme avant qu'il ne soit trop tard".

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