Le procureur de Quimper a dénoncé une "délinquance en col blanc" et demandé une peine exemplaire contre l'homme d'affaire canadien, soupçonné d'avoir vidé les caisses d'une usine de Douarnenez. 220 salariés avaient été licenciés.
On a rarement vu une audience aussi fastidieuse. Les juges quimpérois ont mis plusieurs heures à démêler le fonctionnement des différentes sociétés et holdings de Louis Lagassé. Les transferts d'argent entre sa société bretonne et sa holding canadienne se montent à 30 millions d'euros entre 2005 et 2011 date de la liquidation de la filiale douarneniste.
"La technique est de créer différentes sociétés qui, entre elles, sont des flux financiers expliqués ou non avec une volonté de siphonner la trésorerie des sociétés productrices de chiffre d'affaires, à l'instar de l'usine de Douarnenez", dénonce Dominique Le Guillou-Rodriguez, l'avocate des 39 salariés licenciés.
Un choc des cultures pour la défense
Pour les avocats de Louis Lagassé, c'est un choc des cultures. La justice française ne comprendrait rien aux investissements que requièrent les technologies de la communication.
"Les technologies ont des fois deux ans de vie et, après, on a une autre technologie qui apparaît. Cela fait que la durée de vie des produits est très, très courte ; ça a donc besoin de beaucoup d'investissements", explique Kossi Amavi, l'avocat de la défense.
3 ans de prison et 75 000 euros d'amende requis contre une "délinquence en col blanc"
Le procureur a dénoncé la délinquance en col blanc et a demandé une peine exemplaire de 3 ans de prison ferme , 75 000 euros d'amende et la saisie de la caution d'un million d'euros.
Le jugement a été mis en délibéré au 16 janvier 2020. Les salariés licenciés sont déçus. "On aurait préféré avoir un jugement ce soir parce qu'il y a un risque qu'il ne se représente pas devant le tribunal. Je pense qu'il s'en sort bien", réagit Marc Le Meil, délégué du personnel.
L'avocat de l'homme d'affaire soutient le contraire et se félicite que les juges prennent le temps d'éplucher cette affaire complexe.
Le rappel des faits
En 2005, l'homme d'affaire canadien avait racheté un ancien site d'EADS, à Douarnenez. Il est soupçonné d'en avoir vidé les caisses dont 30 millions d'euros ont disparu. L'entreprise avait fini par fermer, laissant 220 salariés sur le carreau. 180 d'entre eux ont été repris par la société Eolane. 39 autres n'avaient rien retrouvé.
L'enquête a permis de démontrer qu'il transférait 200 000 euros par mois de son entreprise en Bretagne vers sa holding (groupe de société) au Canada.