Utiliser les cheveux pour pour lutter contre les pollutions en mer, c'est l'idée d'une association bien implantée en Bretagne. Le but : collecter les cheveux coupés et fabriquer des boudins anti marée noire. Un projet fièrement défendu par les coiffeurs adhérents, comme à Bruz, en Ille-et-Vilaine.
Parure, atout de séduction ou objet de complexe, utilisé comme outil de mode ou laissé au naturel, le cheveu a, depuis quelques années, une nouvelle vocation : une vocation environnementale. Il est devenu un élément de lutte contre la pollution maritime aux hydrocarbures.
L'association Coiffeurs Justes créée en 2015 par Thierry Gras, un coiffeur du Var, propose aux salons de coiffure de collecter les cheveux coupés de leurs clients et de les envoyer dans un centre de fabrication de boudins anti-pollution. Les boudins sont ensuite placés sur les nappes de fuel afin d'éviter qu'elles atteignent le rivage.
Nathalie est coiffeuse à Bruz en Ille-et-Vilaine. Elle a rejoint l'association il y a quelques années. Chaque semaine elle met de côté 3 kilos de cheveux qui servent à la fabrication de ces boudins anti-pollution. En voyant l'actualité de ces derniers jours au large de l'île Maurice, elle est fière de son engagement:
On se dit qu'il y a peut-être les cheveux de nos clients qui sont là-bas et qui bossent pour ça.
Le but de cette association de recyclage du cheveu est de valoriser ce matériau. "Le cheveu est lypophile, il absorbe le gras ; hydrophile, il absorbe l'eau ; incomprésible, isolant, puisqu'on le porte sur la tête, et solide" explique Thierry Gras le Président de l'association Coiffeurs Justes. Autant de qualités sous-exploitées que les cheveux, qui constituent la moitié des déchets d'un salon de coiffure, sont généralement dirigés vers les incinérateurs.
136 salons de coiffure ont adhéré à l'association dans le Grand Ouest. Une démarche écologique militante et pleinement revendiquée par les salons partenaires, qui investissent 25€ par an puis 1€ par sac kraft de récupération, là où auparavant l'évacuation des cheveux ne leur coûtait pas un centime.
Le reportage à Bruz en Ille-et-Vilaine de Catherine Jauneau et Myriam Thiébaut