Vingt ans après, nombreux sont les habitants du pays de Fougères à évoquer encore avec émotion la tempête qui a frappé le secteur, cette nuit du samedi 25 au dimanche 26 décembre 1999. Des vents violents allant jusqu'à 150 km/heure, qui ont engendré de nombreux dégâts.
Cette nuit-là, le lieutenant Gérard Guètre est d'astreinte mais il est en famille, dans son logement de fonction, tout près du centre de secours des pompiers de Fougères. Quand il entend souffler les premières rafales de vents, il est déjà en alerte et bientôt, au petit matin du 26 décembre 1999, on l'appelle pour les premières interventions d'urgence sur le terrain.
Les pompiers sur le front
Je ne suis rentré à la maison qu'à la nuit, on a enchaîné les opérations. J'avais déjà connu ce genre de situation avec la tempête de 1987. Dans ces cas-là, on ne réfléchit pas. Ce n'est qu'après coup que l'on réalise l'ampleur des dégâts.
C'est sur la commune voisine de landéan que le pompier est d'abord sollicité. Il se souvient : "il n'y avait qu'une seule file utilisable sur la route, l'autre était entièrement recouverte d'arbres tombés au sol. Les jours suivants, on a continué nos missions de reconnaissance et de sécurisation."
Aujourd'hui, les particuliers sont sensibilisés avec les alertes vigilances aux vents violents. A l'époque, cela n'existait pas. Les risques étaient multipliés, en laissant dehors des objets qui peuvent se transformer en projectiles.
Inquiétude ensuite à l'hôpital de Fougères où le vent s'étaient engouffré dans les faux plafonds, mais heureusement sans gravité. " On a vraiment travaillé à flux tendu car en cette période de fête de fin d'année, les pompiers sont déjà traditionnement très sollicités."
"On a sorti tout notre matériel : véhicules toutes utilités et grande échelle. Il a fallu faire tomber des matériaux qui menaçaient de tomber des toits sur la voie publique, bâcher dans l'urgence des maisons dont les toitures étaient endommagées par des chutes d'arbres ou arrachées par des rafales de vent" ajoute le lieutenant Gérard Guètre.
La forêt domaniale dévastée
La forêt de Fougères va payer un lourd tribu à la tempête. 200 000 arbres, principalement des hêtres, seront jetés à terre par la force des vents. Un paysage de désolation dont se souvient Christian Marochain, ancien technicien forestier à l'ONF.
"Je suis revenu en urgence de vacances. Quand je suis arrivé sur place, j'avais le moral à zéro. Des arbres centenaires étaient au sol, entièrement déracinés. Il y avait des branches brisées partout. On a dû dégager les routes et les sentiers de promenade, dans cette forêt très prisée par la population. Quant au bois, il a fallu le brader. Pour la première fois, une filière d'exportation a été mise en place à destination de la Chine. Les camions étaient chargés sur place avec les billes de bois les plus belles, à destination du port du Havre".
Sur les 300 hectares de parcelles détruites, 150 se sont aujourd'hui regénérés naturellement. Le reste a été replanté. Pour le quidam, la forêt a pansé ses plaies.
Le jour d'après
Une fois le calme revenu, vient le moment de constater les dommages et de réparer, avec les déclarations de sinistres pour tenter d'être indemnisé.
Laurence, collaboratrice d'une agence d'assurances fougeraise se souvient. " Nous avons tout de suite été débordés par les appels de nos clients. Les experts ne pouvaient pas répondre à toutes nos demandes d'évaluation. Nous avons donc remonté le montant des seuils d'expertise et pour les dossiers moins coûteux, nous avons eu le feu vert de notre direction pour valider les réglements, sans le passage des professionnels pour évaluer les dégâts. Nous avons également rallongé le délai de déclaration de sinistre au delà de la limitation des cinq jours, pour permettre aux personnes parties en vacances d'effectuer les démarches nécessaires."
Je me souviens d'un cas qui m'a marqué : c'était à la Chapelle Janson. La toiture d'une maison d'habitation a été partiellement emportée par le vent. Le plafond s'est effondré. Deux pièces ont été entièrement détruites. Heureusement, les occupants étaient dans une chambre qui a été épargnée. La famille a due être relogée ailleurs durant plusieurs mois.
Du travail aussi pour les entreprises de couvertures. Pierre Le Galle, artisan à Fougères était sur le pont à l'époque. "C'était spectaculaire. Bien sûr, nous sommes intervenus sur des maison individuelles, mais ce sont les batîments industriels, recouverts de plaques en fibro-ciment, qui ont été les plus touchés. Avec des toits à faible pente, les plaques offrent peu de résistance à la prise au vent, beaucoup se sont détachées. Les maisons traditionnelles en ardoise sont conçus pour affronter les intempéries contrairement à ce type de construction."
Après les premiers travaux de consolidation effectués par les pompiers, le couvreur a vu son carnet de commande augmenter de 20 % sur le premier semestre de l'année 2000.