À Pont-Péan, en Ille-et-Vilaine, une quarantaine de maisons se fissurent. Le maire de la commune demande la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle.
Dans la maison de Christian Labbé, à Pont-Péan, les fissures font presque partie du décor. À l'intérieur de sa maison, il a été contraint de placer un étai pour soutenir la mezzanine "qui est en train de tomber, descendue de plus d'un centimètre".État de catastrophe naturelle
Comme Christian, une quarantaine de bâtiments subissent le même sort dans la commune brétilienne, soit seulement 2,5 % des habitations. Mais pour cette poignée d'habitants, la facture est très lourde. Étude de sol, confortement du sol par injection de résine... "Au total, avec toutes les fissures, j'en arive à 59 737 euros", lance Christian, dépité.Alors le maire Jean-Luc Gaudin a décidé de demander la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour sa commune, "pour que les assurances soient contraintes d'accompagner les propriétaires dans les travaux qui leur seront imposés pour mettre leur maison en état".
"Toutes les maisons ne s'écroulent pas à Pont-Péan"
La reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle a déjà été accordée à la commune en 1995, en 2003 et en 2005. Mais en 2010, la mairie a essuyé un refus, à la suite de l'évolution du régime de reconnaissance. Les habitants n'ont ainsi pas pu obtenir d'indemnisation de leur assurance. Pour ceux qui ont, en plus, subi la sécheresse de 2016, les fissures s'accumulent."Il y a une seule maison sur laquelle les structures sont vraiment attaquées. Pour les autres, ce sont des difficultés pour ouvrir et fermer les Velux, sans risque de s'effondrer", précise le maire, Jean-Luc Gaudin, qui tient à rassurer les potentiels futurs acquéreurs : "Toute la commune n'est pas concernée. C'est un phénomène existant, mais toutes les maisons ne s'écroulent pas à Pont-Péan", sourit-il.
Seules les anciennes maisons sont concernées par les fissures, car les futurs propriétaires de la commune doivent désormais réaliser une étude du sol avant de bâtir.
Pourquoi à Pont-Péan ?
Pour Jean-Michel Schroetter, géologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de Rennes, "la Bretagne, par sa géologie, est l'une des régions les moins touchées par ce phénomène, mais Pont-Péan a la palme", note-t-il. À titre d'exemple, "l'Ille-et-Vilaine est classée au 58e rang des départements.""Pont-Péan est située sur un petit bassin sédimentaire d'âge tertiaire, d'environ 65 millions d'années, composé d'argile extrêmement gonflante. Alors que l'ensemble de l'Ille-et-Vilaine est composé de roches plus dures, schistes et granits, ce qui explique ce phénomène plus localisé", conclut le géologue.