Depuis plusieurs mois, les habitants de différents quartiers de Rennes s’insurgent face aux projets de construction d’immeubles à plusieurs étages. De son côté, la Ville de Rennes assume sa politique d’urbanisme, votée dans le projet de loi d’urbanisme en 2019.
« J’ai moins de 50 mètres entre leur construction et mon rez-de-jardin et les ombres portées recouvrent quasi intégralement mon jardin jusqu’à mon seuil de porte. » Moins d’intimité, moins de luminosité, un vis-à-vis impactant… Face au projet de construction d’une tour de 17 étages au pied de sa maison, Carole Fougeret a fondé le collectif L’enchanteur désenchanté.
Avec ses voisins du quartier de la Croix-Rouge à Rennes, ils militent à coup de banderoles et de flyers dans tout Rennes afin d’annuler le projet. Et leur lutte paie : ils ont réussi à suspendre le permis de construire et doivent rencontrer Marc Hervé, premier adjoint à l’urbanisme de la ville de Rennes, à la mi-janvier.
Le reportage sur ces Rennais contre le projet d'urbanisme de la ville
« 50 mètres de béton devant ma maison »
Selon le collectif, la mairie n’a pas respecté la volonté des habitants de ce quartier abritant les dernières « maisons castors » de la ville, datant des années 1950. Alors qu’ils avaient voté contre l’enquête publique menée par la municipalité, le permis de construire a été délivré en décembre.
En ouvrant sa boîte aux lettres en décembre dernier, Carole a découvert la plaquette déposée par le promoteur immobilier. Un projet qui prévoit un immeuble de 17 étages, une résidence étudiante de 6 étages et un restaurant, ce qui n’est, selon elle, « pas du tout en adéquation avec la morphologie du quartier ».
Cette mère de famille a effectué des travaux dans sa maison alors elle est révoltée : le prix de revente de son bien va considérablement perdre de la valeur à cause de la tour. « Imaginez, 50 mètres de béton devant ma maison », déplore-t-elle.
Aussi, Carole déplore la nuisance sonore et visuelle des trente mois de travaux prévus, ainsi que le manque de place de parking dans un quartier où il est déjà difficile de se garer.
70 places de parking, soit une place par logement alors que les familles ont généralement deux voitures. Pour le bâtiment étudiant de cent logements, seulement 30 places et rien de prévu pour les commerces.
Un immeuble de 18 mètres à Alphonse Guérin
En lisière de Rennes, la problématique des tours d’immeubles rassemble aussi les habitants du quartier Alphonse Guérin. Deux maisons devraient y être rasées afin de construire un immeuble de plus de 18 mètres, dans un environnement où les maisons et les immeubles de trois à quatre étages cohabitaient jusqu’alors en harmonie. Selon Pierre Perez, président de quartier, « il faut abaisser la hauteur sur le projet local d’urbanisme (PLU) ».
Dans ce quartier à proximité du centre-ville rennais, le permis de construire a déjà été délivré. Pierre Perez et les habitants assurent ne pas avoir été concertés, bien qu’ils aient eu connaissance du PLU voté en décembre 2019. « On est choqués, on va lancer une pétition et mener d’autres actions », annonce déjà le président de quartier.
L'urbanisme à Rennes : un enjeu de taille
Du côté de la mairie, Marc Hervé, premier adjoint de l’urbanisme à la ville de Rennes, refuse les accusations de méconnaissance des divers projets. « La condition dans lesquelles la ville se construit est connue des Rennais et Rennaises », affirme-t-il. L’adjoint à l’urbanisme considère que Rennes doit être une ville de proximité, « une ville du quart d’heure » afin de faire en sorte que, « les personnes qui viennent dans le centre soient à proximité des services, des écoles, des commerces… ».
Construire des immeubles à plusieurs étages est un choix assumé par la municipalité actuelle. D'ici 2035 la métropole rennaise devrait attirer 90 000 habitants de plus.
Cette densification de la ville, c’est le sujet du 21ème siècle pour notre territoire. Ca nécessite une intelligence collective pour réussir à construire une ville qui ne s’étale pas, mais qui s’élève
Malgré les mécontentements de quelques Rennais déjà bien établis, la Ville préfère sauvegarder les zones vertes de la ville et favoriser la proximité.