Covid-19. "Les mois de février et mars vont être très difficiles", les inquiétudes de l'infectiologue Matthieu Revest

Les chiffres le démontrent, la situation sanitaire liée au coronavirus ne s'améliore pas en Bretagne, principalement en Ille-et-Vilaine et surtout sur Rennes Métropole. Une situation fort inquiétante pour le professeur Matthieu Revest, spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Rennes.

Le professeur Mathieu Revest se dit inquiet. Et ce qui soucie sérieusement ce spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Rennes, c'est la tournure que peut prendre l'épidémie de coronavirus dans les semaines à venir.

Il suffit de regarder les chiffres de l'Agence régionale de santé (ARS) Bretagne pour s'en rendre compte. Le coronavirus circule toujours activement en France et en Bretagne, région plus épargnée jusque-là que d'autres. Une épidémie qui ne cesse de progresser malgré toutes les mesures sanitaires, les gestes barrières et les vaccinations en cours.

 

Situation "très difficile" sur Rennes Métropole


Lorsqu'on demande à Matthieu Revest comment qualifie-t-il la situation de Rennes Métropole, sa réponse fuse : une situation difficile et même très difficile car le taux d'incidence [le taux d'incidence est le rapport de personnes infectées pour 100 000 habitants sur une période de 7 jours par le coronavirus, NDLR] ne cesse d'augmenter et que l'hôpital est déjà plein de patients Covid et non-Covid et que de plus on a des difficultés pour accueillir certains malades du Covid et non-Covid"

Au 5 février, alors que le taux d'incidence en Bretagne s'élève désormais à 114 cas (+7,3 en 48 heures) pour 100 000 habitants, il est de 190,5 cas pour 100 000 habitants sur Rennes Métropole, ce qui en fait l'un des plus élevés des communautés de communes de Bretagne de plus de 50 000 habitants [en dessous de 50 000 habitants, l'ARS considère que les indicateurs sont instables, NDLR]. Seule la communauté de Vitré en Ille-et-Vilaine a un taux d'incidence supérieur avec 200,80 cas. Concernant le taux de positivité [le taux de positivité correspond au nombre de personnes testées positives pour la première fois depuis plus de 60 jours rapporté au nombre total de personnes testées, NDLR], il est de 6 sur l'agglomération de Rennes, très au-dessus des autres grandes villes bretonnes. Il est de 2,30 à Brest ou encore de 3,10 à Lorient par exemple. Là encore, seules Vitré (7,10) et Fougères (6,40) sont au-dessus de Rennes dans les agglomérations de plus de 50 000 habitants. 

 

Un afflux important de malades d'ici 10 à 14 jours


Pour Matthieu Revest, cette augmentation de l'incidence va vite poser problème.

Mécaniquement, on aura d'ici 10 à 14 jours, un afflux important de patients qui nécessiteront d'être hospitalisés et ce sera difficile de trouver des solutions pour pouvoir les accueillir dans de bonnes conditions

Matthieu Revest, spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Rennes

Avec 110 à 120 patients Covid actuellement hospitalisés au CHU de Rennes, le professeur Revest explique que c'est un peu moins que lors du pic de la première vague mais que lors de cette période, le CHU avait reçu de nombreux malades d'autres régions. "Là, on est au niveau du maximum de ce que l'on a connu lors de la deuxième vague, alors qu'à ce moment-là, on considérait qu'on était au maximum de ce que l'on pouvait accueillir comme malades. C'est bien pour cela que l'on est inquiet ... même si on y arrivera et on y arrive toujours avec le recours de tous et l'ingéniosité logistique d'une organisation adéquate".


Mise en place de plans progressifs dans les services


Le responsable médical explique que des plans progressifs sont actuellement mis en place dans les services de médecine et de réanimation pour pouvoir ouvrir de plus en plus de lits disponibles. "Actuellement, on ouvre plus de lits Covid que l'on en a jamais ouverts jusque-là."

Le spécialiste explique que 5 à 10% de déprogrammations d'examens ou d'actes de chirurgie non urgents ont déjà eu lieu mais que ce pourcentage devrait vite augmenter dans les semaines à venir. 
 

Interviewé par S. Salliou et V. Bars

 

L'espoir du vaccin


Matthieu Revest reconnaît que même s'il est plus inquiet que lors des deux vagues précédentes car "les mois de février et de mars vont être vraiment très très difficiles", il porte néanmoins"un énorme espoir dans le vaccin, car maintenant que l'on a l'impression que l'on a beaucoup plus accès au vaccin ; enfin, on peut penser qu'on voit le bout du tunnel. Et si on arrive à avoir suffisamment de vaccins et ça a l'air d'être le cas depuis cette semaine avec l'arrivée du vaccin d'Astrazeneca*, on peut espérer qu' à l'été cela ira mieux. Ça, c'est un espoir formidable."

Et d'ajouter que pour contrer le virus et entre autres le variant britannique, plus contagieux, il faut accélérer la campagne vaccinale**.
 

Plus vite on vaccinera, moins le virus circulera . Et moins il y a de virus à circuler et moins il y a (... ) de variants problématiques qui risquent d'arriver.

Matthieu Revest, infectiologue


Le spécialiste rappelle que plus que jamais, il faut respecter les gestes barrières et limiter si possible les interactions sociales.

 

* Contacté, le directeur de l'ARS Bretagne, Stéphane Mulliez, nous a précisé que 14 000 doses du vaccin d'Astrazeneca étaient arrivées dans la région ce samedi 6 février et distribuées dans les établissements hospitaliers afin de vacciner les professionnels de santé.

** Au 4 février en Bretagne et ceci depuis le 4 janvier, 106 176 vaccinations ont été réalisées (dont 9 823 concernent la 2e injection) :

  • 31 189 en Ille-et-Vilaine (dont 3 034 pour la 2e injection)
  • 21 568 dans le Morbihan (dont 1 375 pour la 2e injection)
  • 30 015 dans le Finistère (dont 3 346 pour la 2e injection)
  • 23 404 dans les Côtes d’Armor (dont 2 068 pour la 2e injection)

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité