Guerre en Ukraine. À Rennes, étudiants et professeurs de russe soudés malgré les divergences

A l'université de Rennes 2, professeurs de russe et étudiants russophones d'origines diverses s'efforcent de maintenir une bonne entente malgré les divergences d'opinions sur la guerre en Ukraine.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Dans une salle en préfabriqué, située en face du terrain de foot du campus de Villejean, à Rennes, une dizaine d'étudiants en 3e année de licence de russe assistent dans une ambiance studieuse à un cours de leur professeure.

Même si d'emblée cela ne saute pas aux yeux, depuis le début de l'offensive russe, le 24 février, la question de la guerre en Ukraine s'est aussi invitée dans les cours de ces étudiants.

"Beaucoup de ressentiments"

"On est une classe assez soudée. C'est vrai qu'on a des opinions politiques assez différentes, mais ça ne crée pas de haine ou de conflit" explique Kristel Mabiala, étudiante d'origine ukrainienne de 21 ans.


Cécile Vaissié, directrice du département de russe, vient de donner un cours sur les "samizdat", ces écrits dissidents diffusés à l'époque de l'URSS.

Alors que les autorités russes ont opéré un tour de vis contre les médias et réseaux sociaux, l'inquiétude face à la censure en Russie est sur toutes les lèvres parmi les étudiants.

Mari, 20 ans, juge "important d'être dans la motivation", même s'il faut désormais "faire la comparaison entre les informations des médias russes et français".
Samuel Blanc, 21 ans, s'agace de ne plus pouvoir suivre certaines chaînes Youtube russophones. "Le fait de ne pas pouvoir aller en Russie, ce n'est pas super" souligne aussi ce Breton qui avait choisi le russe pour s'ouvrir et voyager en Asie.
Tatiana Macé, une Franco-Russe de 19 ans, en première année, reconnaît un bon esprit de groupe, mais, pour elle, ce qui se passe est "stressant". Les Russes sont victimes de "discriminations" et "il y a beaucoup de ressentiments, les gens sont durs", dit-elle.

La présidente de l'université, Christine Rivalan Guégo, a exprimé sa solidarité envers les Ukrainiens et apporté son soutien "à tous les opposants russes réprimés".

Dans la salle des profs qu'il partage avec ses homologues de chinois, Florent Mouchard, directeur adjoint du département de russe, fait défiler la page du site de Novaïa Gazeta.

Chacun sait faire la part des choses, entre des individus concrets qu'on a devant soi et la politique d'un État que l'écrasante majorité n'approuve pas

Florent Mouchard, directeur adjoint du département de russe à Rennes 2


Il se souvient de l'état de sidération chez les étudiants les premiers jours. "On a tenté une mise en perspective du conflit, relate-t-il. Il y a eu finalement peu d'oppositions entre les étudiants". Beaucoup d'entre eux, issus des minorités de l'ex-Union soviétique (Tchétchènes, Géorgiens, Ukrainiens notamment) se voient à l'extérieur, croient savoir les professeurs.

"Visiblement chacun sait faire la part des choses entre des individus concrets qu'on a devant soi et la politique d'un État que l'écrasante majorité n'approuve pas" selon Florent Mouchard

Divergences

"La question du conflit ukrainien suscite des questions" admet Cécile Vaissié, mais "ce n'est pas un sujet tabou. Le seul critère est d'en parler dans le respect" souligne la chercheuse française connue pour ses positions anti-Poutine et auteure en 2016 d'un livre Les réseaux du Kremlin en France.

Au sein de l'équipe enseignante, elle reconnaît aussi des divergences: "Un de mes collègues est beaucoup plus positif par rapport à Poutine, avec un autre on n'a jamais parlé politique".
"On peut s'engueuler, mais chacun à la décence de faire que ça n'impacte pas le département" et puis "l'université, ce n'est pas le goulag" rappelle l'enseignante.

En dépit du conflit, Cécile Vaissié assure vouloir maintenir ses échanges avec Saint-Pétersbourg et Voronej (ouest de la Russie). "Il n'y a aucune raison pour que nos contacts personnels avec des universités russes changent".

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information