À Caen et à Rennes, des professionnels engagés ont uni leurs forces dans le combat contre la maltraitance des enfants. Une médecin pédiatre et légiste, une gendarme et un magistrat, travaillent ensemble, pour que "Justice soit faite". Olivier Chasle les a suivis pour réaliser un film documentaire qui témoigne de leur engagement.
Unis pour combattre la maltraitance des enfants, une médecin pédiatre et légiste, une enquêtrice de la gendarmerie et un magistrat, témoignent de leur engagement dans le film "Que justice soit faite ! " du réalisateur Olivier Chasle.
Selon des études récentes, 10 % des enfants et adolescents seraient toujours victimes de violences. Qu’elles soient physiques, sexuelles, intrafamiliales, psychologiques ou de négligences, elles touchent toutes les strates de la société.
Dans notre vie, nous avons probablement tous un jour, souvent sans le savoir, croisé une victime dans notre entourage.
Pour lutter contre ce fléau, seule une approche coordonnée de la justice, de la santé, des forces de l’ordre et des services de protection de l’enfance, permet d'être efficace.
C'est dans cet objectif que Martine Balençon, Cécile Perronet et Stéphane Cantéro, avancent en cohésion totale, chacun dans son domaine d'activité.
Pédiatre-médecin légiste, seulement une vingtaine en France
Martine Balençon est pédiatre et médecin légiste en charge du dépistage, de l'évaluation, des soins et de l'expertise des enfants en danger et experte auprès de la Cour d'Appel de Rennes, depuis 2001. Ils ne seraient qu'une vingtaine de médecins en France à cumuler les compétences de pédiatre et médecin légiste.
Selon elle, "la maltraitance a toujours existé, mais on ne la voyait pas avant" dit-elle.
"On restait sur l'idée que les parents pouvaient corriger leurs enfants, que c'était s'immiscer dans les affaires familiales et que dénoncer c'était collaborer avec les services de la justice. On voyait les maltraitances, mais on ne savait pas travailler avec les collègues du travail social ou de la justice".
L’enfant ne doit pas choisir qui il va aller voir, ce sont les professionnels qui doivent se mobiliser autour de l’enfant pour lui offrir une prise en charge d’excellence.
Martine Balençon,Pédiatre médecin légiste
À la brigade de protection des familles : être formé pour accueillir
Cécile Peronnet, elle, voulait être une juge pour enfants. Elle est aujourd'hui enquêtrice et formatrice à la brigade de protection des familles, à Rennes.
À force de ténacité et de conviction, elle a mis en place une formation destinée aux gendarmes pour mieux accueillir et accompagner les mineurs et les femmes victimes de violences intrafamiliales. Elle a créé une cellule de recueil de la parole de l’enfant.
"En qualité d'enquêtrice, ma mission est de recevoir et d'entendre les enfants victimes de tous types de maltraitance pour recueillir leur parole. Il y a entre 2 et 4 auditions par jour. C'est un travail qui ne s'improvise pas." dit-elle.
"L'enfant n'est pas un mini-adulte, il a son fonctionnement, son développement. Il faut les connaître et pour ça, se former à entendre des choses terribles, pouvoir les recevoir avec toute la retenue que ça engage, et avoir ce qu’il faut pour l’encaisser" explique-t-elle.
L’enfant n'a pas sa place en brigade. Donc la première des choses est de l’accueillir dans un milieu formé et adapté. Puis il faut être authentique, savoir lui dire la vérité parce que c’est aussi ce qu’on va lui demander.
Cécile PeronnetEnquêtrice et formatrice à la brigade de protection des familles de la gendarmerie
Militant de la justice des mineurs
Stéphane Cantéro, quant à lui, est à la justice ce que Martine Balençon est à la médecine et Cécile Peronnet, aux enquêtes. Substitut général au service criminel et justice des mineurs à la Cour d'appel de Rennes, il peut être saisi d’un dossier sur appel d’un médecin légiste ou de la police et la gendarmerie.
Son empathie le guide pour instruire des dossiers complexes. Militant de la justice des mineurs, il est célèbre pour son engagement dans le combat contre la maltraitance des enfants.
"Prendre la décision d’une ordonnance de placement provisoire, ce n'est jamais anodin. Arracher un enfant à sa famille, le confier dans une famille ou dans un foyer, ce sont des décisions lourdes" confie-t-il. Mais il ajoute, "sortir un enfant de sa situation de danger et l'apaiser de sa souffrance, c'est le sentiment d’avoir bien fait son boulot".
Pourquoi notre société produit ça ? Pourquoi chaque famille a une victime quasiment, ou en connait une ? C’est un contentieux de masse et il faut s'interroger.
Stéphane Cantéro,Substitut Général à la Cour d'Appel de Rennes
"Pour que justice soit faite " un film à voir sur France 3 Bretagne et France 3 Normandie, le jeudi 28 novembre en deuxième partie de soirée, ou dès à présent sur france.tv.