331 députés français ont voté la motion de censure du gouvernement Barnier. Parmi eux, 9 élus bretons. Des élus LFI, socialistes et écologistes qui nous expliquent les raisons de leur choix "contre un projet de violence sociale" disent-ils. En face, les 18 autres députés, élus du centre et de la droite républicaine parlent de "chaos".
En Bretagne, sans surprise, les députés des groupes LFI, Socialistes et Apparentés et enfin ceux du groupe écologiste et social ont voté la censure du gouvernement Barnier. En tout, 9 députés sur les 27 que compte la région.
Sur la carte, une évidence : Ce sont les députés des circonscriptions à proximité de la capitale régionale et ceux du Centre Bretagne qui ont choisi de baisser le pouce quant à l’avenir du Premier Ministre et de son gouvernement.
Le gouvernement Barnier présentait un budget de violence sociale.
Marie MesmeurDéputée LFI de la 1ère circonscription d'Ille-et-Vilaine
Hostiles au projet de budget de la Sécurité Sociale, passé par 49.3, les quatre élus bretons de La France Insoumise à l’Assemblée Nationale : Murielle Lepvraud (4ème circonscription des Côtes d’Armor), Pierre-Yves Cadalen (2ème circonscription du Finistère), Mathilde Hignet (4ème circonscription de l’Ille-et-Vilaine) et Marie Mesmeur (1ère circonscription de l’Ille-et-Vilaine) ont voté la censure. Interrogée dans la salle des quatre colonnes de l’Assemblée nationale, elle se réjouit du résultat « Je suis très satisfaite de faire tomber - comme dit Jean-Luc Mélenchon - une partie de la citadelle. Michel Barnier, le Premier ministre qui présentait un budget d’injustice sociale et de violence sociale. Et peut-être maintenant, on peut se projeter et promettre des perspectives plus heureuses. »
Un vote de censure aussi pour les trois députés bretons étiquetés « Socialistes et Apparentés » comme Mélanie Thomin (6ème circonscription du Finistère), Claudia Rouaux (3ème circonscription d’Ille-et-Vilaine) et aussi Mikaël Bouloux (8ème circonscription de l’Ille-et-Vilaine).
Le gouvernement Barnier avec une méthode verticale qui n’aura eu de cesse que de mépriser l’Assemblée nationale et singulièrement la coalition arrivée en tête, le Nouveau Front Populaire.
Tristan LahaisDéputé écologiste de la 2ème circonscription d'Ille-et-Vilaine
Même choix de censure pour les deux élus du groupe « Ecologiste et Social », Damien Girard (5ème circonscription du Morbihan) et Tristan Lahais (2ème circonscription de l’Ille-et-Vilaine). Ce dernier a réagi via un communiqué de presse en indiquant « J’ai voté la censure, en rejet d’une politique hostile aux services publics, aux collectivités territoriales, au pouvoir d’achat (…) et à la transition écologique. En rejet également d’une méthode verticale qui n’aura eu de cesse que de mépriser l’Assemblée nationale et singulièrement la coalition arrivée en tête, le Nouveau Front Populaire. »
Ceux qui veulent aller dans le chaos, qu'ils y aillent !
Erwan BalanantDéputé démocrate 8ème circonscription du Finistère
Un avis complètement à l’opposé des députés bretons de droite et du centre comme c’est le cas pour Erwan Balanant, élu « Les Démocrates » dans la 8ème circonscription du Finistère. Face aux journalistes, le centriste prévient « Ceux qui veulent aller dans le chaos, qu’ils y aillent ! Mais, nous les forces démocrates, et j’espère, un certain nombre de partis républicains modérés, nous devrons réagir et nous mettre autour de la table. »
Nous devons en premier lieu dessiner une nouvelle majorité.
Paul MolacDéputé Liot 4ème circonscription du Morbihan
De son côté, Paul Molac, député de la 4ème circonscription du Morbihan, inscrit au sein du groupe Liot, a, lui aussi, suivi les consignes de son état-major en ne déclenchant pas la censure par son propre vote. Cela, malgré son positionnement dans l’opposition. Il écrit:« Opposé à ce texte qui va dans le mauvais sens, j’aurais ainsi pu marquer ma désapprobation en raison notamment du sous-investissement pour l’hôpital public et de la désindexation des pensions de retraites sur l’inflation… » Mais il avance un changement de méthode : « Plutôt que de débattre autour de la nomination d’une personne providentielle à Matignon, nous devons en premier lieu dessiner une nouvelle majorité en mesure de répondre efficacement aux attentes des Français. »
Une censure moins populaire en Bretagne
Pour Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po Rennes, si le vote des députés bretons est en décalage avec le vote national qui a choisi la censure, c’est parce que notre région « reste encore un territoire en faveur d’Emmanuel Macron ».
Après la dissolution, la macronie a pas mal résisté en Bretagne.
Romain PasquierDirecteur de recherche au CNRS et enseignant à Science Po Rennes
Pour le politologue, après la dissolution, la macronie a pas mal résisté. Et la Bretagne était bien positionnée dans le gouvernement Barnier avec deux ministres, Fabrice Loher, maire UDI de Lorient et ministre de la Mer et de la Pêche ainsi que Françoise Gatel. La sénatrice UDI d’Ille-et-Vilaine était ministre déléguée chargée de la ruralité, du commerce et de l’artisanat. » Et il ajoute : « Pas interdit de penser qu’il ait un prolongement à cela si on avait dans les jours qui viennent un gouvernement type Barnier, type centriste, avec des ministres sortants bretons qui pourraient être reconduits. »