A pied, à vélo ou chez soi, mesurer en temps réel la qualité de l'air à Rennes

Chaque matin depuis plus d'un mois, Jack accroche son capteur de pollution à sa besace avant de se rendre au travail. Comme lui, ils sont une quinzaine à participer à une initiative citoyenne afin d'évaluer la qualité de l'air de la ville de Rennes.

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"Ma femme souffre d'asthme sévère et depuis que nous avons déménagé près d'un axe routier, il s'est dégradé donc je voulais savoir si les voitures en étaient la cause", explique Jack Ratieuville, un des volontaires à la "captation citoyenne" qui s'inscrit dans le Plan de Protection de l'Atmosphère de l'agglomération rennaise

Son petit boitier noir, prêté par la municipalité, fournit en temps réel le taux de particules fines via une application mobile. "Je contrôle la pollution intérieure et extérieure, je sais à quel moment aérer", précise cet informaticien de 56 ans qui a récemment équipé sa maison de filtres.

Plus les particules sont fines, plus elles sont dangereuses

Au beau milieu d'un parc, le capteur de Jack affiche ce jour-là six microgrammes de particules fines sur un fond vert, synonyme "d'excellente qualité de l'air". "Dès qu'il pleut, la pollution baisse le lendemain", constate cet habitant de Rennes, ville qui a connu en janvier des pics de pollution. Une observation partagée avec Pierrick Chantrel, un autre "Ambassad'Air", nom donné à l'expérimentation qui doit durer deux ans. Muni de son capteur de poche, ce père de deux enfants arpente les rues rennaises à vélo. Pots d'échappement, station-service, restaurants... il ne laisse échapper aucune mesure de particules fines. "J'utilise mon boitier jusqu'à ne plus avoir de batterie", soit près de dix heures de données chaque jour, confie l'ingénieur de 38 ans.

Cible privilégiée de ces capteurs ambulants: les particules dont le diamètre ne dépasse pas les 2,5 micromètres (PM2,5), que Air Breizh, l'association agréée pour le surveillance de la qualité de l'air en Bretagne, ne comptabilise pas. Or, plus les particules sont fines, plus elles sont dangereuses.

Objectif : sensibiliser les Rennais

Ces enregistrements, ainsi que ceux des 15 autres volontaires de deux quartiers de Rennes bordant la rocade, sont en accès libre (www.aircasting.org/map). Ils viendront à terme compléter les mesures réalisées par Air Breizh. "Ce que nous voulons, c'est associer les Rennais à notre démarche locale pour l'amélioration de la qualité de l'air en leur permettant de s'approprier les données et visualiser l'air qu'ils respirent", explique Charlotte Marchandise, adjointe à la santé à la mairie de Rennes.

Ce dispositif lancé également à Grenoble et Lyon est convoité par Singapour et le Sénégal, confie l'élue. "Nous espérons que les citoyens, en prenant conscience de la pollution dans leur rue ou leur quartier, changeront leur comportement. Par exemple en faisant davantage de vélo, en pratiquant le covoiturage ou en mettant en place un pédibus pour emmener les enfants à l'école", poursuit-elle. "La qualité de l'air est un enjeu majeur de santé publique qui ne peut pas se passer de la participation des habitants", assure Mme Marchandise. Pour Pierrick Chantrel, l'un des volontaires, "la contrainte n'est jamais bonne". "Quand j'étais jeune, j'étais attaché à ma liberté de conduire une voiture", explique-t-il. Avec ses relevés, il s'inscrit désormais dans une "démarche de sensibilisation".

Au fil des mois, l'initiative citoyenne va s'entendre à l'ensemble des quartiers rennais, avec pour objectif de constituer une "armée d'Ambassad'Air". 
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