La question est débattue ce soir en Conseil municipal. Le 1er janvier 2015, Rennes va modifier son mode de gestion d'eau potable, délégué au privé depuis 130 ans. Cette fois, elle devrait opter pour une Société Publique Locale pour la production et la distribution de l'eau.
C'est la fin d'une époque pour Rennes, qui devrait prochainement modifier son mode de gestion d'eau potable. Une décision très politique à un an des élections municipales. Depuis 1882, cette gestion de l'eau, était déléguée au privé, cette fois la ville devrait opter pour une SPL, une Société Publique Locale.
En 2004, déjà, le dossier de la gestion de l'eau avait fait couler beaucoup d'encre à Rennes, mais à l'époque, la ville d'Edmond Hervé avait choisi de la déléguer pour dix années supplémentaires à la Compagnie générale des eaux devenue depuis Véolia... C'est donc une multinationale qui gère la distribution pour la ville de Rennes, l'assainissement étant lui municipal. Quant à la production, c'est le SMPBR, le syndicat mixte du bassin rennais qui en a la charge depuis 2 ans, pour Rennes et pour les 37 communes de l'agglomération, mais lui aussi délègue à Véolia. Les contrats arrivant à échéance, c'est pour la mairie l'occasion de revoir sa politique.
La délégation de service public ayant été écartée, restaient donc deux choix : passer en Régie municipale comme l'on fait Paris, Grenoble, ou Saint-Malo ou alors opter pour une Société Publique Locale, société dont les capitaux sont 100% publics.... Une solution intermédiaire qui a les faveurs de la municipalité
Si "le collectif eau" du Pays de Rennes est lui aussi favorable à une gestion publique de l'eau, il aurait préféré l'option Régie municipale. Quant à l'opposition, elle aurait voulu renouveler la délégation de service publique, satisfaite de la prestation de Véolia ces 10 dernières années.
A un an des élections municipales, le choix de la ville de Rennes est donc avant tout politique : mais la mairie le promet, le changement de gestion ne devrait pas peser sur la facture d'eau des Rennais qui payent aujourd'hui aux alentours de 3 euros 20 le mètre cube d'eau.
Le reportage à Rennes d'Isabelle Rettig, V. Bars, J.-M. Piron et S. Lenauld
Interviews :
- Marc Hervé, président du SMPBR
- Laurent Hamon, Collectif eau du pays de Rennes
- Bruno Chavanat, Conseiller municipal, groupe Union pour Rennes Capitale
LE CHANGEMENT DE GESTION PEUT-IL MODIFIER LE PRIX DE L'EAU ?
D’après une étude du Ministère de l’Agriculture publiée en 2008, la Bretagne est la région la plus chère de France : 4 euros 15 le m3 en moyenne en Bretagne, contre 3 euros 39 en France.
Des chiffres qui ont même été revus a la hausse en 2011 par une association de consommateurs : 5 euros 90 le m3 en Bretagne pour une moyenne nationale de 4 euros 87.
Faut-il incriminer le mode de gestion choisi par les collectivités ?
Selon EELV et des associations de consommateurs, le constat est que dans les communes qui délèguent la gestion de l’eau au privé, les tarifs sont entre 10 et 30% plus élevé.
En 2010, nos confrères du Mensuel de Rennes avaient même comparé les tarifs dans plusieurs villes de l’ouest et on pouvait effectivement noter qu’à Saint-Malo et Brest, deux villes gérées par le privé à l’époque (ce qui a changé depuis), ainsi qu’à Morlaix, les tarifs annuels de la consommation par foyer étaient nettement supérieurs à ceux des villes en régie municipale comme St-Brieuc, Lannion ou Vannes.
Le mode de gestion n’est pas la seule explication de tarifs plus ou moins élevés
Il faut aussi prendre en compte l’éloignement des zones de captage, la nature de ces eaux, leur traitement, l’assainissement ou encore les redevances reversées notamment à l’Agence de l’eau.
Et comme il n y a pas de prix unique de l’eau en France, chacun fait un peu comme il veut. Le consommateur paye et il a souvent bien du mal à savoir ce qu’il paye car les factures d’eau sont la plupart du temps assez opaques.
Sinon, il est bon à savoir qu'en France, moins on consomme plus on paye cher. Illustration avec ces deux exemples finistériens : Celui qui consomme 200 m3 paye le mètre cube moins cher, que celui qui ne consomme que 50 m3.
Et c’est là tout le paradoxe, puisqu’on sait que l’eau est un bien précieux à préserver. Un mode de calcul qui n'encourage pas forcément à l’économie.