Une nouvelle "bibliothèque du vivant" est inaugurée ce lundi sur le site du CHU de Rennes (35). Elle stocke des milliers d'échantillons de fluides et de tissus humains, dans lesquels les chercheurs du monde entier peuvent puiser. L'infrastructure a été en grande partie financée par des dons.
Dans ce bâtiment flambant neuf plusieurs dizaines de milliers d'échantillons de fluides (sang, plasma, urine) et de tissus (peau, tumeur, cellule...) sont stockés.
Concrètement, ces échantillons biologiques sont prélevés lors d'examens médicaux. Si le patient donne son accord, en plus des prélèvements analysés pour le diagnostic ou à des fins thérapeutiques, une partie est préparée et conservée pour la recherche médicale.
Les échantillons issus de 160.000 prélèvements biologiques sont conservés à différentes températures, selon leur nature, et jusqu'à -180°.
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© V.Bars / France 3 Bretagne
Consentement du patient et anonymat
Jusqu'alors disséminés dans cinq services différents, ces échantillons sont désormais regroupés sur un seul et même plateau technique. Dans les congélateurs rennais, 160.000 prélèvements sont ainsi stockés, selon leur nature de -20° à -180°. Des résidus provenant à la fois du CHU de Rennes et du Centre de Lutte Contre le Cancer Eugène Marquis. Bien plus qu'une bibliothèque de pièces détachées, cette nouvelle biobanque permet de relier chaque échantillon au dossier médical du patient tout en préservant son anonymat. Conservé avec l'accord du patient, chaque échantillon est renseigné de façon très précise.Ainsi, une équipe de chercheurs, qui aura besoin de tissus bien particuliers, pourra puiser dans la biothèque. Car chaque échantillon représente des milliers d'informations qui permettent aux chercheurs de mieux explorer des maladies telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires, neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, les troubles inflammatoires, de la fertilité, la santé mentale et les maladies rares dites orphelines. Dans ce dernier cas, les recherches sont, par essence, compliquées et il est d'autant plus intéressant de pouvoir constituer des échantillons de données biologiques suffisantes sur lesquels appuyer les essais.
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- Mireille DESILLE, responsable opérationnelle de la Biobanque
- Pr Karim BOUDJEMA, chirurgien et président du comité scientifique du Fonds Nominoë CHU Rennes
- Equipe: H.Pédech, B.Van Wassenhove, D.Frasez
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©France 3 Bretagne
Un outil capital pour la recherche médicale
Le professeur Gangneux, chef du pôle Biologie au CHU de Rennes et porteur du projet affirme qu'une "biobanque est une entité destinée à recueillir, classer et conserver des échantillons biologiques selon des normes de contrôle très élevées. Mise à disposition de la communauté scientifique, la biobanque est indispensable à la recherche, qu'elle soit fondamentale, médivale, épidémiologique ou appliquées. L'accumulation des données permet aux chercheurs d'explorer un aspect particulier d'une maladie et d'identifier, par exemple, un nouveau biomarqueur. Grâce à ces informations, nous pouvons prévoir le pronostic d'une tumeur ou déterminer le gène qui pourrait bloquer son développement. Liant recherches fondamentales et cliniques, nous pourrons mieux comprendre les causes d'une maladie, prévoir son évolution et mettre au point la thérapie personnalisée pour la soigner efficacement".Un réseau international des biobanques
Les biobanques consituent un outil d'autant plus essentiel pour la recherche médicale, qu'elles sont depuis 2011 organisées en réseau. Leurs données sont consultables par les centres de recherche du monde entier leur assurant un accès rapide à des échantillons qui répondent désormais aux standards internationaux. En France, il existe plus de 80 biobanques à ce jour, dont deux en Bretagne (Rennes et Brest). Au delà des frontières, 270 institutions et 33 pays sont engagés.
Rennes: l'engagement des mécènes
A Rennes, l'infrastruture a ouvert ses portes en novembre 2016. Un investissement de près de 2 millions d'euros rendu dont une bonne partie (1,2M€) a été financée par 600 mécènes et donateurs via le Fonds Nominoë. L'Etat, la région Bretagne, Rennes Métropole et l'Université y ont également contribué.
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- Pr Karim Boudjema, vice-président du Fonds Nominoë
- Pr Yannick Malledant, chef du service de réanimation chirurgicale
- Equipe: G.Raoult, V.Bars, C.Deunf
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©France 3 Bretagne